Vendredi 13 mars 2020, la Belgique entre en quarantaine. On ne parle pas encore de confinement. Une mesure d’urgence, exceptionnelle et éphémère. Nous ignorions alors que très vite la quarantaine deviendrait confinement et durerait bien plus longtemps que tout ce que nous pouvions imaginer.
Une date à commémorer ?
J’ai un moment joué avec l’idée de réaliser une vidéo pour marquer l’anniversaire de cet événement. Une vidéo pleine d’humour peut-être qui vous ferait vous souvenir et sourire. Avant de me rendre compte que je l’avais déjà réalisée, avec la vidéo rétrospective de 2020 (et l’article qui l’accompagne).
Puis, j’ai pensé à une autre vidéo, qui compilerait les images de villes désertées, de rues vidées par le confinement. J’ai commencé le projet, réfléchi au script, rassemblé des plans, mais je ne parvenais pas à m’y mettre sérieusement. J’en ai conclu que ce n’était pas le bon moment pour sortir cette vidéo.
Alors, à défaut de vous montrer cette vidéo qui n’existera peut-être jamais, je vous propose de voyager à travers un an de confinement(s) avec cette série de photos. Des images que j’ai prises pendant cette année fatidique et qui, pour la plupart, sont restées inédites. Je les ai développées pour l’occasion, histoire de marquer tout de même cet étrange anniversaire.
En quarantaine

Samedi 14 mars 2020. Je descends en ville pour une course de première nécessité. La quarantaine a été annoncée la veille. Les cours sont suspendus. Les magasins non alimentaires, les bars et les restos, les lieux culturels sont fermés. Nous pensons alors que ce n’est que pour quelques jours.
Je prends une série de photos dans le centre ville déserté. Au développement, j’hésite entre le noir et blanc ou la couleur. Je me décide finalement pour le noir et blanc, plus dramatique et expressif, et je poste cette série. Je suis loin d’imaginer que cette première salve est le point de départ d’autres séries, d’autres images, le prologue en quelque sorte des Chroniques du confinement. Et qu’un an plus tard, nous serions toujours confinés.
Un an après, on en a marre du dramatique, alors voici deux photos de cette série en version couleur.

Le grand confinement
Une semaine plus tard, il devient clair que cette situation est partie pour durer. Les mesures sanitaires s’intensifient. Les gens sont priés de télétravailler et de rester chez eux. La Belgique entre dans le Grand Confinement, comme on l’a parfois appelé plus tard.
Le grand paradoxe de ce grand confinement, c’est que la météo n’a jamais été aussi resplendissante. Les jours ensoleillés s’enchaînent alors que les Belges sont enchaînés chez eux. Je respecte le confinement, mais lors d’une descente en ville pour un rendez-vous chez le dentiste, je prends une nouvelle série de photos.
Le soleil de mars invite à la promenade et pourtant les rues sont désertes. Je suis frappé par le surréalisme de la situation et je filme cette courte vidéo.
Le confinement s’installe. Nous essayons de rester sereins face aux événements. Dans cette bulle de temps ralenti, on s’occupe des enfants. On dessine, on cuisine. S’il n’y avait pas la menace du virus, là dehors, nous pourrions être heureux dans ce rythme ralenti et recentré.
Déconfiment
Après deux ou trois semaines de confinement, l’attente d’un retour à la normale commence à monter. On tourne en rond dans la maison, comme un poisson rouge dans son bocal. On rêve de restos et de voyages. Les enfants ont besoin de retrouver leurs copains d’école. Certains parents ont besoin d’un rendez-vous chez le coiffeur. Pour ma part, c’est d’un rendez-vous chez le dentiste dont j’ai besoin. Et quand il arrive, j’en profite pour prendre une nouvelle série de photos au centre ville de Liège, par une journée splendide. Et je filme une nouvelle vidéo.
En mai-juin, on accueille le déconfiment avec un soupir de soulagement. Mais le monde est instable. La menace du virus reste présente. On déconfine par palier, prudemment. La ville demeure largement tranquille, toujours un peu inquiète.

La douceur de la météo tranche avec le calme presque surnaturel qui règne dans les rues. Je vais en ville pour régler un problème administratif. Il fait tellement beau que j’y vais à pied. Je traverse le quartier d’Amercoeur, qui n’a jamais aussi bien porté son nom.

La balade du jour me conduit jusqu’à la Grand Poste, en passant par Outremeuse et Roture. Je passe devant le café Simenon, fermé.

Vacances confinées
Longtemps, on s’est demandé si nous pourrions voyager cet été 2020. Finalement, le verdict est tombé : notre voyage à Porto a été annulé et c’est en Belgique que nous avons voyagé.

Evidemment, maintenant qu’on peut bouger, il fait un temps dégueulasse. Il nous faut passer entre les gouttes pour visiter Gand, lors d’un week-end en juillet. Le séjour ne laisse pas beaucoup de place à l’improvisation. Il a fallu réserver les entrées des musées, spectacles et expositions à l’avance. On profite des éclaircies pour visiter la vieille ville, qui témoigne avec superbe du passé glorieux de la ville. Malgré le mode vacances, il y a dans les rues un vague malaise car les contaminations sont reparties à la hausse en Flandre. Le port du masque est fortement encouragé.

Après un interlude caniculaire, nous passons quelques jours à Blankenberge, sur la Côte belge, dernière semaine du mois d’août. Là encore, la météo ne nous fait pas de cadeau. Au moins, le masque protège un peu du sable que la tempête vous jette au visage.
Le soir, j’erre dans les rues vides de la station balnéaire. La météo et le virus ont fait fuir les vacanciers. Il règne sur la digue une ambiance de hors-saison. La vue de ce snack abandonné par ses clients m’évoque un tableau de Hopper.

Mais malgré la météo, malgré le masque, malgré l’ambiance un peu triste, nous sommes heureux d’échapper au quotidien, de respirer l’air de la mer, de se promener sur le Pier désert.

Reconfinement automnal
On le sentait déjà à Blankenberge. L’automne ne s’annonçait pas des plus calmes sur le front de l’épidémie. Très vite après la rentrée, les contaminations repartent à la hausse, la deuxième vague déferle, le couvre-feu est instauré et à la fin octobre c’est le retour à la case confinement.

Cette fois, la météo est bien moins clémente. La pluie complote à pousser les gens à rester chez eux. La fin de l’automne et l’hiver sont difficiles. L’inspiration photographique me fuit. Je me consacre au dessin et je combats le manque d’animation en créant des parodies animées.
Vers la fin du confinement ?
Il y a quelques semaines, j’ai retrouvé le plaisir de prendre des photos. La neige, puis le froid sont arrivés. La lumière est revenue. Nous nous sommes aventurés hors de la tanière pour visiter des expositions.

En mars 2020, qui imaginait qu’un an plus tard, nous serions encore confinés ? Pas moi. Je pensais, naïvement sans doute, que le confinement était un événement exceptionnel et éphémère, qui ne serait rapidement qu’un étrange souvenir.
Au moment où j’écris ces lignes, nous ignorons quand nous reviendrons à la normale. Et à quel point le normal de demain ressemblera à celui d’hier. Il y a des jours avec et des jours sans. Des jours pluvieux, où tout espoir semble mort. Des jours lumineux, remplis d’énergie positive et d’inspiration.

Je n’ai pas réalisé la vidéo, mais en préparant cet article, en sélectionnant les photos, il m’est apparu que cette année a peut-être été peu animée, mais a été riche en émotions de toutes sortes, avec des périodes de désarroi et d’incertitude émaillées de petits bonheurs, de perles de joie, d’élan créatifs.
L’art et la création rendent l’attente de la fin du confinement plus supportable.
Et vous, comment avez-vous vécu cette année confinée ? Avez-vous commémoré cet anniversaire ?
Je n’irai pas jusqu’à commémorer l’anniversaire du premier confinement (en France, le 17 mars) mais en regardant dans le rétroviseur de cette année, je peux dire que je l’ai plutôt bien vécu. Ayant un jardin, cela aide aussi beaucoup, j’en suis consciente. Mais j’ai pu enfin avoir du temps pour moi et ce que j’aime faire. J’ai pu ralentir la cadence, et c’est très appréciable. Alors, évidemment, que les restos, musées et concerts me manquent, mais je suis plutôt quelqu’un de positif, alors je sais que ça reviendrai et qu’en attendant, il y a d’autres choses à faire. 🙂
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