Nous avons visité l’exposition Warhol – The American Dream Factory, à la Boverie à Liège (Belgique), qui ambitionne de retracer le parcours du pape du Pop Art à travers une sélection de ses oeuvres les plus célèbres, et de le mettre en relation avec 40 d’histoire américaine.
La Boverie, c’est le musée d’art de Liège, avec une belle collection permanente et des expos temporaires de prestige. Il y a un peu plus d’un an, nous y avons visité une belle exposition sur l’hyperréalisme en sculpture. A la fin du parcours, un buste de Warhol annonçait cette rétrospective consacrée au célèbre artiste du Pop Art. Avec les péripéties liées à la pandémie, il nous aura fallu patienter un peu plus longtemps pour découvrir cette fameuse exposition. Est-elle à la hauteur de l’attente suscitée ?
Un illustrateur à New York

Andrew Warhola naît en 1928 à Pittsburgh, Pennsylvanie, dans une famille d’origine slovaque. Après des études artistiques, il s’installe en 1949 à New York. Il change son nom en Warhol et commence à travailler comme illustrateur pour des magazines. Il travaille aussi pour la publicité, réalise des pochettes de disques et des couvertures de livres, dessine des cartes postales pour Tiffany’s, tout en rêvant à une vie d’artiste.

La première section permet au visiteur de découvrir cet aspect méconnu de l’oeuvre de l’artiste, dans une mise en scène qui rappelle le film Diamants sur canapé. Tout en se fondant dans le style graphique de l’époque, Warhol affine sa maîtrise de la sérigraphie, qui aura tellement d’importance dans son travail à venir.


De Campbell’s à Marilyn

Au début des années 60, Warhol se tourne vers la peinture. En 1962, il réalise la série des boîtes de soupe Campbell’s, puis peint des dollars et la série de Marilyn, qui deviennent des oeuvres emblématiques du Pop Art. Son art fait rapidement scandale et remporte un vif succès.

La Factory

Très vite, au milieu des années 60, il fonde la Factory, qui est à la fois un atelier, un lieu d’exposition et d’échange, où se croise tout le gratin artistique new-yorkais.

Il annonce qu’il abandonne la peinture pour se consacrer au cinéma. Il produit le Velvet Underground et lance le magazine Interview. Warhol est un touche-à-tout, qui ne tient pas en place.

Warhol a failli ne pas voir la fin des sixties. En 1968, il est victime d’une tentative d’assassinat quand une militante féministe lui tire dessus. Il frôle la mort et conservera des séquelles physiques et psychologiques de ces blessures par balles.
Nuages
La section la plus surprenante du parcours présente les Silver Clouds. On dirait des oreillers métalliques flottant au-dessus de la tête des visiteurs. Cette installation, réalisée en collaboration avec l’ingénieur Billy Klüver, a été présentée pour la première fois en 1966, alors que Warhol songeait à abandonner la peinture.

Portraits

Warhol revient à la peinture en 1973, avec une série de portraits de Mao, qui transforme le leader communiste en pur produit de consommation. Il réalise de nombreux portraits de commande pour des célébrités et des commanditaires fortunés. Il signe quelques pochettes de disques. Pour les Rolling Stones, il imagine notamment le fameux visuel avec la fermeture éclair de l’album Sticky Fingers.

Andy Warhol a réalisé le portrait du peintre surréaliste belge Paul Delvaux, après l’avoir rencontré à Bruxelles. Il a peint le portrait d’autres créateurs belges, comme Diane Von Fürstenberg ou Hergé.

Collaborations

Dans les années 80, Warhol multiplie les collaborations. Il réalise des oeuvres publicitaires pour des marques de prestige, comme Perrier ou Apple. Il travaille avec des artistes de la nouvelle génération, comme Keith Haring ou Jean-Michel Basquiat. Le trait survitaminé de Haring vient bousculer et dynamiter l’univers de Warhol.

Les tableaux réalisé à quatre mains avec Basquiat sont particulièrement impressionnants. Ce sont de très grands formats, qui contrastent avec la taille des autres oeuvres de Warhol montrées dans l’exposition.

Le trait rugueux et brut de Basquiat y dialogue, parfois assez violemment, avec l’apport lisse et policé de Warhol, qui incorpore des logos et typographies dans ses toiles monumentales.

Andy Warhol meurt à New York, en 1987, des suites d’une opération à la vésicule biliaire. L’exposition s’achève avec cette vision de la Statue de la Liberté, ce symbole new-yorkais noyé dans un motif camouflage rouge sang.

Warhol et le rêve américain
J’ai beaucoup apprécié la scénographie de l’exposition. Les différentes sections sont rythmées par des reproductions en très grand format de portraits photographiques de Warhol. Les oeuvres sont bien mises en valeur et les différentes salles sont agréables à visiter. Chaque décennie est remise en perspective historique par un panneau qui en résume les faits marquants, année par année. J’aurais aimé en revanche plus de détails sur le processus créatif warholien.

J’ai découvert avec beaucoup de plaisir tout le début de carrière de Warhol, son travail d’illustrateur. La suite de son parcours a confirmé que son art me procurait peu d’émotions. C’est décoratif et haut en couleurs, c’est parfois ironique et doucement subversif, mais ni la technique ni le résultat ne me font vraiment vibrer. Ce sont les tableaux réalisés avec Basquiat, à la toute fin de l’exposition, qui m’ont le plus séduit. Ils m’ont rappelé la formidable rétrospective Basquiat, que j’ai visité à la Fondation Louis Vuitton à Paris, il y a deux ans.


Au final, plus que les oeuvres, ce qui me fascine le plus chez Warhol, c’est sans doute Warhol lui-même. Ce personnage, à la fois énigmatique et paradoxal, qui se dissimule derrière ses lunettes et ses perruques. A la fois artiste et businessman, introspectif et mondain, solaire et ténébreux, avec toutes ces contradictions, il incarne si bien le rêve américain.

Infos pratiques :
L’expo Warhol – The American Dream Factory a été prolongée jusqu’au 18 avril 2021.
Elle n’est accessible actuellement que sur réservation.
Infos et réservations sur le site du musée.
Merci pour cette belle rétrospective. Bravo
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C’est cool que vous puissiez voir encore des expos en Belgique ! 🙂
Andy Wharhol n’est pas un artiste que j’adore, je n’ai rien contre, il a participé à une culture d’une certaine époque, il est devenue une icone pop, comme celle qu’il dessinait. J’ai bien aimé les parties sur des débuts, très intéressants ! 🙂
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Tout pareil ! Je suis allé à l’expo en curieux et je n’ai pas eu de révélation warholienne. Mais la découverte de son travail d’illustrateur et une certaine fascination pour le personnage, très bien mis en scène par les grandes photos qui parsèment le parcours. Et oui, on a de la chance que les musées soient ouverts. On s’y console de la fermeture des cinémas et des salles de spectacle.
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