En d’autres temps, je vous ai parlé du bonheur de prendre des photos quand il fait très froid. Quand une lumière spéciale vient réchauffer les rues et vous faire oublier le vent glacial qui souffle dans votre cou. Après des semaines de pluie, l’hiver, le vrai, s’est enfin décidé de pointer son nez. De faibles chutes de neige sur Liège ont été suivies par une semaine très froide, mais lumineuse.
Dans la dernière chronique, nous nous sommes aventuré dans les bois mystérieux autour du fort de la Chartreuse, par un jour sombre et neigeux. Dans ce nouvel épisode, on descend en ville, pour visiter l’exposition Alberto Giacometti et profiter de la belle luminosité hivernale.
Vue sur la ville

Commençons la balade depuis les hauteurs de Liège. Depuis le parc de la Chartreuse, Liège s’étend dans la vallée, étincelante sous le soleil d’hiver. Au loin, la tour des Finances apparaît comme une voile brillante voguant sur une mer de toits.

Autour des Chiroux
Nous descendons au centre ville pour voir les oeuvres de Giacometti, in extremis avant la fin de l’expo. Il fait un temps radieux. L’air est glacial, mais il fait si lumineux qu’on oublie vite le froid.

Pourtant, la ville n’est pas à la fête. La Belgique est toujours confinée. Les bars, les restos et les salles de spectacle sont toujours fermés. Il y a peu de monde en ville. L’espace autour des Chiroux est désespérément vide et désert.

Sur le sol, ça et là, quelques plaques de neige durcies ou d’eau gelée. Et les ombres caractéristiques de l’hiver, qui s’allongent démesurément.

La lumière fait miroiter un espoir. L’espoir d’une vie après la pandémie. D’un retour à une vie normale. D’un futur moins sombre.

Le Miroir de Giacometti
Il y a longtemps que nous n’avons plus visité d’exposition. La dernière vraie sortie culturelle, c’était à Gand, en juillet. Puis, il y a eu le reconfinement et la fermeture des musées. Quand les musées ont rouvert, les jours sombres et pluvieux de décembre et janvier nous ont coupé toute envie de sortie. Mais nous avions envie de visiter l’exposition sur Giacometti à la Cité miroir et nous nous sommes décidés, juste avant la clôture.

L’exposition Alberto Giacometti – L’humanité absolue ne présente pas la facette la plus spectaculaire de l’artiste. Elle plonge au contraire dans son intimité de créateur, en montrant une reconstitution de son atelier, puis une sélection de statuettes et de lithographies.

Les statues en petit format, exposées sur une longue table en verre, nous laissent un peu froid. Même s’il y a quelque chose d’amusant dans le contraste entre les têtes de bronze et les visages masqués des visiteurs, entre la matière rugueuse sculptée par Giacometti et les corps vivants.

Nous sommes séduits en revanche par les lithographies, extraites du livre Paris sans fin. Réalisée sur le vif, lors de virées dans Paris, elles témoignent d’une ville débordante de vie et d’animation. Tout ce qui fait défaut aujourd’hui.

Je m’attarde un peu à photographier le lieu. La Cité Miroir était autrefois une piscine. L’architecture Art Déco resplendit sous la lumière hivernale qui entre à flot par la baie vitrée.

Fin d’après-midi d’hiver

Nous sortons de l’exposition avec une impression bizarre, avec en bouche le goût d’un monde qui a disparu. Le Paris de Giacometti, mais aussi le monde d’avant COVID. A côté de la Cité Miroir, le cinéma Sauvenière est toujours fermé. Des affiches annoncent des films qui ont été à peine montrés, à peine vus. Mon humeur s’assombrit tout à coup. Le plaisir de voir un bon film en salle me manque cruellement.

Avant de quitter le centre de Liège, je jette un dernier regard à la statue de Grétry, qui monte la garde devant l’Opéra endeuillé. Le silence semble soudain assourdissant.
Je connais un tout petit peu l’œuvre de Giacometti, je n’y suis pas très sensible mais c’est cool d’avoir fait à nouveau une exposition, en France, les musées n’ont pas encore rouverts, mais ils en parlent. 🙂
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