Dans la dernière chronique, nous étions au centre de Liège, attristés par l’état de la ville, par ses commerces fermés et ses rues désertées. Dans ce nouvel épisode, nous changeons d’ambiance et de lieu. Il nous emmène dans les bois de la Chartreuse par un matin de neige.
La neige a ce pouvoir magique de transformer la réalité. C’est un pouvoir fragile, qui ne dure jamais très longtemps. Pendant quelques heures, quelques jours parfois, les flocons blancs modifient le paysage. On oublie la tristesse des jours gris et le photographe redevient un enfant, émerveillé par ce monde transformé.
J’ai déjà photographié le Fort de la Chartreuse et les bois qui l’entourent de bien des façons. Cette fois, il n’avait pas neigé assez pour que le paysage boisé familier soit totalement métamorphosé. Le gel a durci la boue des sentiers. Les flocons l’ont partiellement recouverte.
Dans cette nouvelle série de photos, j’ai cherché à photographier des coins un peu différents des séries hivernales des années précédentes. L’ambiance assez sombre du matin où j’ai pris ces photos m’a encouragé à éditer une série un peu mystérieuse, un peu étrange.
La grotte

La grotte du parc de la Chartreuse n’en est pas vraiment une. Ce n’est qu’une construction en béton armé censée faire illusion. Sous la neige, l’endroit se nimbe pourtant d’une charge de mystère. Quelques escaliers nous conduisent en direction de l’église Saint-Lambert de Grivegnée, mais nous n’irons pas jusque là. Nous nous contenterons de voir l’église à travers un rideau d’arbres.

Rideaux d’arbres

A travers les arbres, on devine le Mémorial de Cointe, qui domine la ville, de l’autre côté de la vallée. Un peu plus loin, ce sont les tours jumelles de l’église Saint-Lambert qui surgissent à travers le rideau d’arbres.


Le silence des oiseaux

En arpentant ces sentiers familiers, le silence glacial vous frappe. Les bois semblent abandonnés. Pas à cause d’un virus ici, mais à cause de l’hiver. La vie n’a pas abandonné les lieux, elle est seulement endormie.

En suivant les sentiers

Par moment, le parc ressemble à un labyrinthe. Des sentiers bifurquent, se fragmentent en chemins moins balisés. Les arbres ne nous aiderons pas à nous égarer. Ils semblent nous regarder, à chercher notre chemin tout en gardant l’équilibre sur le chemin que le gel rend glissant.

Autour du fort

Inévitablement, la balade me conduit près du fort de la Chartreuse. La neige est un manteau qui lui va à merveille, qui en souligne les mystères. J’ai beau connaître cet endroit, son étrange pouvoir de fascination ne cesse de me troubler.

L’urbain et la forêt

Les ruines du fort attirent les artistes urbains, qui y voient un terrain de jeu graphique à conquérir. Ils ont colonisé l’intérieur du site, mais s’exercent aussi sur d’autres vestiges du site.
Pour rester dans l’ambiance, terminons la balade en musique, avec deux morceaux que j’ai écoutés en éditant les photos et préparant l’article. Le premier, Neve a été composé par le regretté Ennio Morricone pour le film Les 8 Salopards de Quentin Tarantino.
Le deuxième est Lake Tahoe, une des pépites givrées qui figurent sur 50 Words For Snow, le dernier album studio de Kate Bush.
C’est ici que s’achève la balade du jour. La météo s’annonce plus lumineuse, bien que plus froide, pour les prochains jours. La promesse d’autres photos dans la neige, plus joyeuses.

De très jolies vues, c’est clair que la neige a un super pouvoir. Des endroits qui nous paraissent moches (pas ici bien évidemment), deviennent beaux, ou tout du moins moins moches avec de la neige. Elle a le pouvoir de faire ressortir les lignes et les courbes et de simplifier le paysage qui, des fois, surtout en ville, est souvent trop chargé d’éléments ! 🙂
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