Après avoir exploré les collections gréco-romaines du Musée archéologique, nous sommes revenus à Naples pour visiter le centre historique. Une visite riche en surprises, bonnes et mauvaises, et en découvertes.
Lors de notre première excursion, nous n’avons pas été emballés par les abords du musée archéologique, déçus par l’impression de laisser-aller général des bâtiments. Cette impression s’est confirmée lors de cette deuxième incursion en territoire napolitain.
De la gare au centre historique
Comme la première fois, nous avons fait le trajet de Sorrente à Naples en train. Pour vous rendre au centre historique, pas besoin de prendre de métro. Le quartier se trouve à proximité de la gare Napoli Centrale. Une fois quitté les abords immédiats, la Naples moderne vous assaille dans toute sa brutalité.

Il faut d’abord traverser une large avenue. Surtout attendez le feu vert pour les piétons et restez sur vos gardes : les Napolitains ne s’encombrent pas trop du code de la route et, en Vespas comme en voitures, roulent comme des tarés.
Après s’être retrouvés dans une sombre ruelle, en plein marché noir, nous avons pressé le pas vers notre destination. Le malaise ne s’est pas dissipé en approchant du centre historique. Nous sommes passés devant de vieux immeubles au passé glorieux enfouis sous une épaisse couche de crasse. De la saleté partout, sur les murs, sur le sol. Et le bruit omniprésent des klaxons.

Nous pensions que cette première impression serait balayée une fois arrivés dans le centre historique, mais nous nous trompions.

Santa Caterina

Sur notre chemin, nous passons devant l’église Santa Catarina a Formiello. L’extérieur est anodin, l’église ne figure pas sur notre plan, mais nous avons la curiosité d’y entrer et c’est une belle surprise. La sobriété de la façade dissimule un intérieur somptueusement décoré.

Le Castel Capuano

Le Castel Capuano, un ancien palais royal transformé en palais de justice, marque l’entrée du centre historique. De là, nous avons suivi la via dei Tribunali. Tracée sur l’emplacement du decumanus maximus romain, qui était un des axes principaux de la ville, elle traverse le centre historique, du Castel Capuano jusqu’à la Piazza Bellini.

Tout de suite, je me suis senti oppressé dans ce dédale de rues étroites et sombres. C’était la première fois que cela m’arrive dans un centre historique.

Les vieux pavés en pierre de lave jonchés de détritus, les murs abîmés couverts de graffitis, le regard peu accueillants des Napolitains installés devant leurs immeubles ou leurs échoppes, le linge suspendu au-dessus de nos têtes, le bruit, tout était à la fois pittoresque et vaguement inquiétant. Alors, nous avons pressé le pas.
L’Obélisque de San Gennaro

Après avoir dépassé la piazzetta sedil Capuano, nous passons devant l’Obélisque de San Gennaro, qui se dresse sur une petite place derrière la cathédrale.

Cet obélisque a été érigé par les Napolitains en 1631, pour remercier San Gennaro d’avoir protégé la ville lors de l’éruption du Vésuve en 1631.

La cathédrale

La cathédrale Notre Dame de l’Assomption, aussi connue comme le Duomo San Gennaro, semble engloutie par les immeubles qui l’encerclent. Il est assez difficile de prendre du recul pour en contempler et photographier la façade néo-gothique. Ne vous laissez pas abuser par l’extérieur, qui cache des trésors insoupçonnés.

A l’intérieur de la cathédrale, vous êtes surpris pas les dimensions, en particulier par la hauteur des plafonds et de la coupole, qui paraissent dépasser la façade.

La cathédrale a connu une existence mouvementée et survécu notamment à un tremblement de terre et aux bombardements de 1943. Il a aussi vécu des remaniements et des rénovations importantes.

La coupole baroque de la Cappella del Tesoro di San Gennaro, représente le Paradis et a été érigée au 17e siècle pour remercier le saint d’avoir protégé Naples lors de l’épidémie de peste de 1525-1529.

Cette chapelle dédiée à San Gennaro accumule les oeuvres d’art. C’est un peu chargé, mais c’est magnifique, jusque dans les moindres détails.

Santa Restituta

La cathédrale cache une autre surprise de taille : deux églises en une. En effet, à gauche de la nef, vous accédez à l’ancienne basilique de Santa Restituta. Cette église d’époque paléochrétienne a été remaniée dans le style baroque, mais conserve encore son architecture primitive. Ici encore, c’est le plafond qui nous a marqué, ainsi que les mosaïques dans une des chapelles latérales.

San Lorenzo Maggiore

Le complexe San Lorenzo Maggiore, à deux pas de la cathédrale, réserve lui aussi son lot de surprises. Autour du cloître tranquille du monastère, vous admirez deux autres plafonds somptueusement décorés.

Puis vous découvrez une petite collection de crèches napolitaines, dont la pièce maîtresse est cette imposante crèche animée.

C’est sous le monastère que se trouve son plus surprenant trésor : les ruines du macellum romain, un marché couvert construit à l’emplacement de l’agora de la Neapolis grecque.

Vous descendez quelques marches et, soudain, vous êtes ailleurs, dans ce petit morceau de Neapolis miraculeusement préservé. L’expérience est vraiment déroutante, même si ces ruines ne peuvent rivaliser avec les sites de de Pompéi et d’Herculanum.

La visite devrait plaire aux enfants, mais si vous êtes claustrophobe, mieux vaut s’abstenir.

San Paolo Maggiore

Quand nous remontons à la surface et au présent, la matinée est bien avancée. Nous cherchons un endroit pour le lunch. Nous passons devant la basilique San Paolo Maggiore, sans y entrer. Elle est construite sur les ruines d’un temple romain, dont subsistent deux colonnes, intégrées à la façade.

Lunch à Naples
Dans l’entrelacs de vieilles rues, les pizzerias attrape-touriste ont poussé comme des champignons. L’exiguïté de ces établissements se vantant de cuisiner « les meilleures pizzas de Naples au prix le plus bas » nous fait fuir.
Nous continuons à descendre la via dei Tribunali et nous passons devant le buste de Pulcinella (Polichinelle), un personnage napolitain de la commedia dell’arte.

Nous échouons finalement au Caffé Letterario Intra Moenia, Piazza Bellini, un café littéraire qui sert de la petite restauration. Pas de pizza au menu, mais des pâtes, du fromage, de la charcuterie et du vin.

Piazza Bellini

Après avoir mangé, l’enthousiasme des enfants pour continuer l’exploration du vieux Naples a fondu. Il fait chaud et l’idée de retraverser le quartier pour retourner à la gare ne séduit que moi. Nous décidons d’aller jusque la piazza Dante toute proche pour y reprendre le métro jusque la gare. Avant de quitter la piazza Bellini, nous passons devons les ruines d’un fragment des remparts de la Neapolis grecque. A Naples, l’ombre du passé n’est jamais loin.

La Porta Alba

La courte via Port’Alba, une rue petite rue piétonnière où se sont installés des bouquinistes, nous mène jusqu’à la Porta Alba, une des anciennes portes de Naples.
Cette petite rue attire aussi les artistes et les graffeurs.

Aujourd’hui, les vestiges de la Porta Alba se trouvent perdus dans un coin de la monumentale piazza Dante.

Piazza Dante

La piazza Dante est dominée par le Foro Carolino, un hémicycle dont les dimensions imposantes écrasent un peu la statue de Dante Alighieri, qui donne son nom à la place.

De la piazza Dante, vous rejoignez rapidement le Musée archéologique ou le monastère de Santa Chiara. Pour nous, c’est ici que se termine notre deuxième journée à Naples et c’est un avant-goùt de la prochaine excursion, où nous visiterons le quartier monumental.

Les contrastes de Naples
Visiter le centre historique de Naples est une expérience intense et mémorable. C’est un quartier animé et contrasté, à la fois déstabilisant et fascinant. Toutes les époques s’y mélangent : la Neapolis grecque et romaine, la Naples médiévale, les peintures de la Renaissance, les dorures baroques et les arnaques modernes.

Vous serez déroutés par le bruit, la crasse, l’humeur des Napolitains. Vous serez tristes et en colère devant le laisser-aller des bâtiments. Finalement, vous serez séduit par les trésors qui se cachent dans les églises, les monastères et les palais.

Merci pour la balade! (qui me fait un peu oublier Malaparte, livre « La peau », bouquin dur mais magnifique sur des faits véridiques)…
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Peau
Arrivederci!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci pour ce dédale découvert et ces églises qui renferment des trésors 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Reportage très complet et réaliste – merci 🙂 amitiés
J’aimeJ’aime
C’est une ville qui traîne une réputation très négatives, des amis y sont allés et ont détestés. Il y a de belles pépites architecturales, parfois un peu trop chargée à mon goût. L’entretien de la ville laisse à désirer, un peu comme les 17, 18 et 19ème à Paris, il y a de beaux monuments mais il faut faire avec la saleté et « l’amabilité » des gens du coin …
J’aimeJ’aime