Début novembre 2019. Je me balade avec mon vieux chien Pataud dans le parc autour du Fort de la Chartreuse, près de la maison. C’est une balade bien ordinaire, par une belle journée d’automne ensoleillée, quoique un peu venteuse. Il a plu récemment et de larges flaques parsèment le chemin. Le bois est à nous. Nous sommes seuls, le chien et moi, à parcourir ces sentiers et nous savourons ce moment de calme.
Début novembre 2020. Je retrouve les images prises ce jour-là dans un dossier Lightroom, oubliées dans mon disque dur. Je ne sais pas exactement pourquoi je n’ai pas monté cette vidéo après l’avoir tournée. Sans doute que je n’ai pas eu le temps à l’époque. Puis le temps a filé. L’automne a passé. L’hiver s’est installé. Une nouvelle année est arrivée.

J’étais loin de m’imaginer ce jour-là, lors de cette promenade insouciante, quelle mauvaise blague nous réservait 2020. L’épidémie. Le confinement. La distanciation. L’isolement. Tout à coup, les images de cette balade dans un parc déserté prennent une autre saveur, celle d’un pressentiment, d’un avertissement, d’une prophétie.

Histoire d’une vidéo
Alors, plus d’un an après le forfait, je décide de monter la vidéo. D’abord, j’hésite un peu sur l’histoire que je vais y raconter et comment j’allais la raconter. Va-t-elle faire partie des chroniques du confinement ? Sera-t-elle montée comme une mise en garde, avec musique dramatique et peut-être une voix off ?

J’ai réfléchis un moment. J’ai regardé les images attentivement, plusieurs fois, et finalement, je les ai laissé raconter leur propre histoire, toute simple. Une balade en automne dans les bois. Une balade d’un photographe avec son vieux chien sur des sentiers familiers, qu’ils affectionnent. Ce n’est pas une vidéo spectaculaire. Il n’y a guère de suspense. Mais j’espère tout de même que vous apprécierez le moment qu’elle raconte.
Il y a aussi une plus triste histoire qui se cache dans ces images. Pataud, mon vieux chien, a été emporté par la vieillesse en avril 2020, en plein confinement de printemps. Ces images sont donc parmi les dernières que je conserve de mon chien et les revoir a fait remonter beaucoup d’émotions à la surface.

Reflets d’automne
Je n’ai pas pris beaucoup de photos en complément de la vidéo ce jour-là. C’est que, au cours de toutes ces années, au cours de toutes nos balades, la Chartreuse je l’ai beaucoup photographiée, surtout en automne, une saison qui lui va à ravir. Les matins brumeux la rendent si mystérieuse et les jours ensoleillés font chatoyer ses couleurs dorées. Parfois, on y croise des fantômes et des sorcières. J’y ai même vu un dragon un jour, qui dansait avec un tigre.

Je me suis attardé sur les flaques. Je n’ai pas sauté dedans, mais j’ai tourné autour. Les feuilles qui s’y déposent peignent de fascinants tableaux abstraits. Et les reflets qui y apparaissent, comme les visions d’un autre monde, un monde d’en bas, à la fois familier et différent, ne cessent de me fasciner.

Les flaques engloutissent des mondes. Le temps engloutit les souvenirs. Même si ce sont des souvenirs un peu douloureux, je suis heureux d’avoir exhumé ces images. Elles résonnent avec le présent, avec le confinement. Et de façon ironique, cet automne, la parc autour du Fort de la Chartreuse est beaucoup moins désert. On y rencontre des maîtres qui promènent leurs chiens, des promeneurs en balade, des sportifs qui courent, des enfants qui jouent. Tout un monde qui redécouvre la joie d’une promenade dans les bois.
Un joli reportage mélancolique avec le souvenir de Pataud… cette vidéo oubliée est sûrement un clin d’oeil de ton chien 😉
Bon courage pour la suite du confinement. Ici aussi, ça commence à faire long… 🌞
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Merci. Mélancolique, c’est un joli mot doux-amer pour décrire ces images, je n’y avais pas pensé. Il faut tenir bon dans ce confinement. L’après ne sera que meilleur.
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Que des belles couleurs et un beau souvenir de ton chien ! 🙂
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