J’ai exprimé ma fascination pour le site de Pompéi à plusieurs reprises sur ce blog. Nous avons exploré les meilleurs endroits du site archéologique dans l’article Visiter Pompéi : les incontournables. Je t’ai aussi donné des conseils pour visiter Pompéi avec des enfants et présenté une sélection de photos « Street photography« . Dans ces articles, des photos lumineuses et colorées cherchaient à mettre en valeur le site et à en retranscrire son étrange beauté.
Cet été apocalyptique, marqué par la colère climatique et l’instabilité politique, m’ont incité à rouvrir le dossier Pompéi pour une nouvelle série de photos totalement différentes. Ici, il n’est plus question de « photos de voyage » qui montreraient pourquoi « Pompéi est un endroit qu’il faut absolument visiter« . Pour ces images, j’ai choisi un traitement beaucoup plus dramatique et cinématographique, un peu dans le style de celui de Mystère(s) à Gand. Un processing qui délaisse le réalisme au profit d’une approche plus émotionnelle et onirique.

L’idée est d’insister sur le choc émotionnel que recèle ces ruines, de rappeler la catastrophe naturelle qui a causé la destruction de la ville. En parallèle, je voulais aussi créer à travers ces images du passé une vision sombre et inquiétante, qui évoque la menace que fait planer le changement climatique sur les villes d’aujourd’hui.

Avant de commencer à travailler sur cette série, je me suis donné 3 contraintes créatives :
- utiliser des photos restées inédites
- éviter les photos où on voyait des gens
- ne m’imposer aucune limite en terme de traitement.
J’ai plus ou moins respecté les contraintes. Les plus perspicaces pourront sans doute apercevoir des traces de présence humaine dans certaines photos. J’y suis allé à fond dans le traitement, en utilisant les différents outils de Lightroom. J’ai beaucoup expérimenté. J’ai testé de nouvelles techniques. Je me suis aventuré dans des réglages et des styles différents beaucoup plus créatifs.

Peu à peu, j’ai trouvé cette dominante rouge qui s’est imposée sur la plupart des photos de la série. Je me suis arrêté sur ce traitement parce qu’il rappelait l’éruption du Vésuve, évoquait le fameux rouge Pompéi, et conférait une atmosphère totalement étrange et irréelle aux images.

En abandonnant le réalisme, j’ai laissé parler les ruines du site. Paradoxalement, alors que je partais vers une série sombre et dramatique, ce traitement a réveillé les images, rendu vie à Pompéi.

En 79 après JC, la vie de la ville s’est arrêtée lorsque le Vésuve est entré en éruption. La lave et les rochers ont recouvert Pompéi. La cité, rayée de la carte, est tombée dans l’oubli. Bien des siècles plus tard, les fouilles l’ont ramenée à la vie. Aujourd’hui, tandis que les touristes arpentent les pavés des rues millénaires, les archéologues continuent à fouiller, à explorer le passé et à déterrer des secrets enfouis.

C’est le grand paradoxe de Pompéi : c’est une ville morte, dont l’existence s’est arrêtée le jour de l’éruption du Vésuve. La catastrophe a aussi préservé le site, a empêché le déclin et l’évolution de la cité. Si bien qu’aujourd’hui, cette ville mineure à l’époque romaine est devenue une des villes antiques les plus célèbres. Un site qui excite les imaginations et attirent les visiteurs du monde entier. Les touristes arpentent les rues antiques. Les chercheurs contribuent à percer les mystères de la ville. Les artistes y donnent des concerts où s’inspirent du lieux pour créer des oeuvres contemporaines. Tous, continuent à faire vivre Pompéi.

Ces pierres racontent tellement d’histoires. Celles des bâtisseurs de la cité. Celles des habitants. Celles des archéologues. Celles des visiteurs aussi parfois. Il ne faut qu’un peu d’imagination pour voir revivre les fantômes des habitants, pour entendre leur rires résonner entre les murs des villas.

Il ne faut qu’un peu d’imagination aussi pour frémir au son de l’éruption, pour sentir la peur et la panique, pour ressentir l’onde de choc de la catastrophe.

En travaillant sur ces photos, j’ai voyagé dans le temps. Je me suis replongé dans la ville. J’ai revécu des moments que j’avais oublié. J’ai retrouvé des sensations très spéciales, éprouvées lors de la visite des ruines.

Ce nouveau traitement a aussi révélé des photos où une approche réaliste ne fonctionnait pas. Il a réveillé le pouvoir évocateur des pierres, réactivé leur magie.

Enfin, en travaillant sur une vidéo de présentation de ce projet, j’ai eu l’idée de mélanger ces photos aux fresques photographiées sur place, sur le site archéologique de Pompéi et au musée archéologique de Naples, où sont conservées les plus belles pièces. Ce travail vidéographique n’est pas encore terminé. En voici seulement en avant-goût. Le montage en parallèle entre les oeuvres du passé et le site au présent ouvre de nouvelles pistes créatives.
Je tire plusieurs leçons de cet étrange voyage à travers ces photos :
- Il n’y a pas un seul traitement qui convient à une photo. Parfois, un traitement s’impose, emmène l’image dans une direction. Mais bien d’autres possibilités existent.
- Ne jamais sous-estimer le pouvoir de l’émotion et de l’imagination (en photographie et ailleurs).
- J’ai très envie de continuer à explorer ce « côté obscur » de ma créativité (et de revisiter d’autres anciennes photos).
- Je n’en ai sans doute pas terminé avec Pompéi.

Que penses-tu de ce projet et de ce style de traitement photo ? Pompéi, ça te fait rêver ?
Superbe, vraiment. Je partage ton attirance pour Pompéi, site et Histoire- je parcourais la ville il y a quelques années, à cette époque, début septembre 🙂 Amicalement
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C’est intéressant, surtout celles dans les teintes rouges, comme si quelque chose de violent se préparait. C’est un comme quand on voit un ciel jaune, on sait qu’un orage très fort ne va pas tarder à tomber, c’est assez annonciateur ! 🙂
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Si un jour je vais là bas (mon rêve!) c’est sûr, j’amène avec moi toutes ces chroniques!
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