Il y a quelques semaines, nous avons fait une escapade à Charleroi (Belgique) pour visiter l’exposition « Dupuis : La Fabrique des héros – 100 ans de 9e art au pays noir » au tout nouveau musée des Beaux-Arts. Cette expo retrace comment une petite imprimerie familiale est devenue un des plus grands éditeurs de bande dessinée au monde, créant au passage des personnages qui ont marqué l’histoire : Spirou, Lucky Luke, les Schtroumpfs, Gaston, le Marsupilami, Natacha, Tif et Tondu…
À travers une sélection de planches de BD et d’objets présentés dans une scénographie ludique et colorée, particulièrement adressée aux enfants, cette Fabrique des héros raconte l’histoire de Dupuis, de ses auteurs et de ses personnages, tout en offrant une amusante plongée dans les coulisses du journal de Spirou.
Le Musée des Beaux-Arts
Il faut marcher 20 minutes depuis la gare de Charleroi pour arriver au musée, mais il est accessible en métro ou en bus. Flambant neuf, ce nouveau musée des Beaux-Arts a été installé dans les écuries Defeld, un bâtiment historique qui jouxte la « tour-signal ». Conçu par Jean Nouvel, cette tour toute en rondeurs abrite la Police locale.
Ce mélange des briques centenaires et des formes élancées de la tour (qui rappellent un peu les objets vintage fifties disséminés dans les albums de Franquin) compose une vision incongrue et étrange.

Dans le hall du musée, des Spiroux virevoltants accueillent les visiteurs. En-dessous, une réplique grandeur nature du délirant gaffophone de Gaston Lagaffe rappelle tout le génie créatif de Franquin et des auteurs Dupuis.

Le bureau de Monsieur Dupuis
L’exposition débute dans le bureau de Monsieur Dupuis. C’est avec Jean Dupuis que tout commence, quand il fonde une petite imprimerie à Marcinelle à l’orée du 20e siècle. L’imprimeur s’aventure rapidement dans l’édition et la presse. Il crée notamment le magazine Le Moustique, où plus tard naîtra Le Petit Nicolas de Sempé. Le destin de la famille Dupuis bascule en 1937 avec la création de Spirou et le journal qui porte son nom, le premier hebdomadaire illustré belge qui s’adresse aux enfants.

La fabrique de héros
La suite de l’histoire est racontée dans la salle suivante. Les scénographes y ont donné vie à cette fabrique de héros, une vision idéalisée et stylisée de la maison d’édition Dupuis. Ce décor fantaisiste et ludique, conçu pour amuser les parents et les enfants, occupe le grand espace du rez-de-chaussée du musée. Il n’y a pas de parcours imposé. Les visiteurs sont invités à en explorer les différentes zones à leur gré.

Le parcours est parsemé de trouvailles humoristiques et de petits jeux. Il faut ainsi retrouver des personnages emblématiques de Dupuis à partir d’un accessoire. L’interactivité a été privilégiée, avec des éléments qu’on peut toucher et manipuler. On peut s’asseoir dans le fauteuil du scénariste Cauvin et l’entendre raconter des anecdotes. Sur des écrans tactiles didactiques, quelques dessinateurs expliquent leurs secrets de fabrication. Et parfois, un auteur maison vient dessiner en live.

Tout en découvrant des moments importants de l’histoire de Dupuis et du journal de Spirou, les panneaux, planches, documents et objets nous plongent dans les coulisses de la fabrication d’une BD et de la vie d’une maison d’édition. C’est avec une certaine émotion qu’on découvre les planches originales en noir et blanc d’albums mythiques.

Tout au long de son histoire, Dupuis n’a cessé d’innover, en proposant des produits dérivés (pas toujours réussis) de ses personnages phare et en s’aventurant dans l’audiovisuel et le multimédia.

Les planches originales exposées rappellent que Dupuis n’édite pas que des bandes dessinées pour les enfants. Dans la collection Aire Libre notamment, elle a publié les récits de nombreux auteurs qui n’avaient pas leur place dans Spirou.

Les collections permanentes
Au premier étage sont exposées les collections permanentes du musée. On y trouve notamment quelques Magritte et des peintures qui témoignent de l’histoire industrielle du pays noir.

Une exposition à voir ?
Il faut saluer la volonté de proposer une exposition amusante et accessible à toute la famille. Le parcours ludique et interactif a été spécialement conçu pour les enfants. Des sacs marmaille sont d’ailleurs disponibles à l’entrée pour une visite encore plus amusante et plus kid friendly.
Les parents ne sont pas oubliés. Effet nostalgique assuré devant certains albums ou personnages évoqués (les Schtroumpfs, Spirou, Buck Danny ou Yoko Tsuno pour moi). Les adultes y découvrent aussi des planches et des aspects de Dupuis (censure) prévus pour eux.
Le parcours libre et la disposition de certains panneaux sont parfois déroutants. L’histoire et le catalogue de Dupuis sont tellement riches, que des choix douloureux ont été faits et le passionné de bande dessinée que je suis a trouvé la visite un peu rapide.
Ceux qui, comme moi, restent sur leur faim à la fin du parcours peuvent acheter le catalogue de l’exposition, en vente dans la boutique du musée et dans les bonnes librairies. Ecrit par José-Louis Bocquet et Serge Honorez, riche en illustrations et anecdotes, il raconte de façon chronologique l’histoire et l’évolution de cette Fabrique des héros franco-belge. La boutique du musée propose également une belle sélection d’albums clé (récents et plus anciens) et de livres consacrés à Dupuis et ses auteurs.
Infos pratiques
Exposition Dupuis : La Fabrique des héros – 100 ans de 9e art au pays noir
Musée des Beaux-Arts de Charleroi (Belgique)
Boulevard Mayence, 67 – 6000 Charleroi
Jusqu’au 30 juillet 2023.
Prix : 5 euros (gratuit pour les enfant de moins de 12 ans)
Accès : 20 minutes à pied de la gare (mais accessible aussi en métro ou en bus)
Restauration : il n’y a actuellement pas de cafétéria au musée ni dans les environs immédiats. Nous avons dû nous éloigner du musée pour trouver une brasserie (que je ne vous recommanderai pas).
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Encore une visite intéressante qui donne envie de retourner en Belgique !
Effectivement, la proximité de cet ancien bâtiment joue les trouble-fêtes avec la tour de Jean Nouvel !
Mais cette expo a le mérite d’exister pour les fans (et les moins fans) de BD ! J’apprécie les visites libres où l’on peut prendre son temps et choisir le truc qui nous intéresse davantage.
Merci pour cette histoire familiale qui a su prendre le bon créneau au bon moment !
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Très intéressant, j’ai flashé sur la planche de Cinq branches de coton noir, c’est magnifique ! 🙂
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