James Cameron : de Terminator à Avatar

Je me suis un peu moqué de la bande-annonce de Avatar 2 : The Way of the Water quand elle sortie en 2022. Après 13 ans, une suite à Avatar me semblait incongrue et superflue, et cette mise en bouche ressemblait trop à un teaser d’un épisode de Thalassa pour me donner envie d’aller voir le film.

Puis j’ai vu le réalisateur James Cameron parler de son film à la télé, nous avons revu le premier Avatar en famille pendant les vacances de Noël et j’ai changé d’avis. Même si James Cameron s’était planté, je ne voulais pas regretter de ne pas avoir vu le film au cinéma.

Cameron ne s’est pas planté. J’ai vu le film au ciné, en VO et en 3D, et j’ai adoré. La Voie de l’eau s’inscrit dans le prolongement direct du premier film, avec un mélange de grand spectacle, une bonne histoire bien racontée, de l’action et un message écologique. Oublions Thalassa : il y a bien une partie du film, un peu longue, qui rappelle cette émission culte, mais il y aussi beaucoup d’action, de tension et de suspense, qui rappellent pourquoi James Cameron est le roi du box-office et un réalisateur hors pair.

En sortant du film, je n’avais qu’une idée en tête : dessiner un portrait de James Cameron, ce cinéaste unique en son genre. Finalement, l’idée s’est matérialisée en 4 portraits et une animation, qui racontent le parcours de James Cameron à travers 4 films clés.

Terminator

Quand Terminator sort, en 1984, James Cameron est presque un inconnu, mais c’est déjà une forte tête. Celui qui a débuté sa carrière comme superviseur des effets spéciaux a en effet réalisé un premier film, le nanar Piranha II : les Tueurs volants (1981), dont le tournage s’est très mal passé. En conflit permanent avec le producteur du film pendant la production, l’expérience a viré au cauchemar. Tombé malade en tournant le film à Rome, dans les délires de la fièvre, il aurait eu la vision d’un robot tueur envoyé du futur pour le tuer.

James Cameron choisit d’oublier ce premier film cauchemardesque, mais conserve la vision enfiévrée. L’idée devient le scénario de Terminator. Reste à convaincre les producteurs de lui laisser mettre en scène le film et à persuader Arnold Schwarzenegger d’incarner le méchant robot au lieu du rôle principal. Tournée avec un budget modeste, cette série B en laquelle ni les distributeurs ni Schwarzy ne croient vraiment, va s’imposer au box-office et devenir un classique de la science-fiction.

Quand on revoit le film aujourd’hui, on comprend vite pourquoi le film a autant marqué son époque. Même si les effets spéciaux de Stan Winston ont pris un coup de vieux, ils sont sauvés par le brio de la mise en scène de Cameron, qui tire un effet maximal des ambiances nocturnes qui baignent le film. Sur une structure classique de course-poursuite, le récit introduit habilement ses éléments futuristes et ne laisse aucun répit au spectateur. Des répliques (« Il be back« ) et des scènes sont entrées dans l’histoire du cinéma, mais c’est le coup de génie d’offrir à Arnold Schwarzenegger le rôle du terrifiant Terminator T-800, devenu un des méchants iconiques du cinéma, qui va faire la différence.

James Cameron en Terminator - portrait/caricature - illustration vectorielle

I’ll be back

Le Terminator revient en 1991 dans Terminator II : le Jugement dernier, une suite à nouveau écrite et dirigée par James Cameron. En position de force, le réalisateur explose le budget à coup d’effets spéciaux numériques inédits et surprend le public avec un renversement des rôles : Arnold est cette fois un gentil Terminator, un peu has been, envoyé pour protéger Sarah Connor et son fils d’un robot en métal liquide nouvelle génération.

Le succès record du film donnera aux producteurs la mauvaise idée de multiplier les suites, dont aucune n’égalera la qualité ni le succès des deux premiers films.

Aliens

La légende raconte que James Cameron a convaincu les producteurs de lui confier la suite d’Alien en écrivant le mot ALIEN suivi d’un $. Que l’anecdote soit vraie ou non, la proposition va devenir réalité, puisque le film cartonne et transforme l’abominable bestiole en saga culte et lucrative.

L’accouchement du film est douloureux. Les négociations entre Cameron et la Fox autour du budget et du casting sont houleuses. Puis, le tournage en Angleterre est une épreuve de force. Le réalisateur américain a du mal à communiquer avec les techniciens anglais.

Cameron prend le contrepied du huis-clos de Ridley Scott en mélangeant l’horreur d’Alien à l’action de Terminator. Une galerie de nouveaux personnages vient en renfort de la rescapée Ripley (Sigourney Weaver) dans un récit solide qui mixe habilement les codes du film de guerre, le thriller d’horreur et la science-fiction.

James Cameron et Aliens - portrait/caricature - illustration vectorielle

Titanic

Après une série de films de science-fiction (les deux Terminator, Aliens et Abyss), James Cameron retrouve Schwarzy pour l’improbable True Lies (1994), un improbable remake anabolisé de La Totale de Claude Zidi. Avec cette comédie d’action, le réalisateur sort de sa zone de confort sans renoncer aux séquences spectaculaires. Il explose à nouveau à la fois le budget et le box-office. Contre toute attente, avec son film suivant il va plonger plus profondément encore en zone inconnue.

Après avoir donné avec réticence leur feu vert à cette romance sur fond de naufrage, les producteurs se mordent les doigts devant le budget et la durée du film en roue libre. Le réalisateur perfectionniste, attentif au moindre détail, a reconstitué minutieusement les extérieurs et l’intérieur du Titanic. Une réplique grandeur nature du bateau montée sur vérins a été construite au Mexique.

Le tournage dans l’eau glacée est un enfer. Les retards s’accumulent. Le budget, hors de contrôle, atteint le chiffre record de 200 millions de dollars. Les producteurs et même le réalisateur voient le désastre financier arriver.

Titanic sort en décembre 1997 et le succès, phénoménal, fait taire les oiseaux de mauvaise augure. Une partie du public se passionne pour le destin tragique de Jack et Rose, retournant voir le film plusieurs fois. Boosté par le carton de la chanson de Céline Dion (dont pourtant ni la chanteuse ni le réalisateur ne voulaient au départ), le film se hisse au sommet du box-office et finit par dérober à Jurassic Park la couronne de plus gros succès du box-office mondial de tous les temps.

James Cameron et le Titanic - portrait/caricature - illustration vectorielle

Avatar

Douze ans séparent Titanic d’Avatar, mais James Cameron n’est pas resté inactif pour autant. Il écrit un script de Spiderman, avant d’abandonner le projet, et réalise et produit plusieurs documentaires, en donnant libre cours à sa passion pour la plongée sous-marine.

Le synopsis d’Avatar, qui marque le retour de Cameron à la science-fiction, a été écrit avant Titanic, mais sa mise en chantier est repoussée d’une décennie pour des raisons technologiques. Le réalisateur préfère attendre que la technologie soit à la hauteur de l’ambition de sa vision.

A nouveau, la genèse du film est longue et compliquée. Tout en s’impliquant dans le développement des technologies requises par le film, dont un système visionnaire de caméra virtuelle, le réalisateur soigne son scénario jusque dans les moindres détails linguistiques et culturels. Devant le budget qui enfle, la Fox rechigne à lâcher les cordons de la bourse, craignant un nouveau tournage à la Titanic. Les effets spéciaux, qui combinent motion capture, création de personnages numériques et projection en 3D, mobilisent près d’un millier de personnes.

A nouveau, Cameron gagne son pari. Le film sort en décembre 2009, projeté en 3D. C’est un carton mondial, qui déloge Titanic du sommet du box office. Tous les studios hollywoodiens s’engouffrent dans la 3D, avec plus ou moins de bonheur.

La Voie de l’eau

Avant même la sortie d’Avatar, le réalisateur annonce son désir d’en tourner une suite. Il commence rapidement à y travailler, annonce d’abord deux films, puis trois, puis quatre. L’idée est d’écrire les différents scénarios d’abord et de grouper les tournages des films pour les sortir l’un à la suite de l’autre et éviter ainsi une longue attente entre chaque épisode.

L’écriture prend beaucoup plus de temps que prévu et n’est terminée qu’en 2017. La production d’Avatar 2 et 3 peut alors commencer, d’abord les scènes en motion capture, puis les prises de vues réelles. La pandémie de Covid 19 vient retarder le tournage, qui s’achève en 2020. Le travail sur les effets spéciaux a débuté en même temps que le tournage, mais il faut encore plus d’un an de post-production pour achever Avatar 2.

Le paysage cinématographique a bien changé entre les deux Avatar. Les plateformes de streaming ont pris la main et la pandémie a vidé les salles de cinéma. Comment les spectateurs, de plus en plus réticents à se déplacer dans les salles, vont-ils accueillir la suite de plus de trois heures d’un film vieux de plus de 13 ans ? Le pari est d’autant plus risqué qu’un échec mettrait en question la sortie et la production des épisodes suivants d’Avatar.

Le suspense est vite levé : à nouveau la formule magique James Cameron fait son effet et le film rejoint Titanic et Avatar au sommet du box office mondial de tous les temps, avec plus de deux milliards de dollars de recettes.

James Cameron et Avatar - portrait/caricature - illustration vectorielle

Le secret de James Cameron

En 40 ans de carrière, James Cameron a tourné moins d’une dizaine de films (dont seulement 3 en 25 ans), mais tous ont été des réussites critiques et commerciales. Auteur de ses scénarios, c’est un auteur complet qui cherche à tout contrôler, de l’écriture aux effets spéciaux. Réputé pour son attitude autoritaire sur les plateaux, ses dépassement de budgets et son perfectionnisme sont légendaires. Il faut pourtant saluer la détermination de ce control freak qui a permis à quelques paris fous d’aboutir. Mais quelle est donc cette formule secrète, cette Cameron touch, qui lui a permis d’atteindre les cimes du box-office ?

Il est tentant d’expliquer son succès par sa maîtrise des effets spéciaux, ses innovations technologiques, son sens de la démesure et du spectacle, mais ce sont les personnages et leurs histoires qui ont fait la différence. C’est devant le Terminator que les spectateurs ont frémi, devant le destin tragique de Jack et Rose qu’ils ont pleuré, devant le rapprochement entre Jake et Neytiri qu’ils ont vibré.

Ses films combinent ainsi une approche très classique de la narration (comment ne pas penser aux grands classiques épiques hollywoodiens en regardant Titanic ou Avatar) avec une mise en scène spectaculaire toujours à la pointe de l’innovation. Les millions dépensés dans les décors plus vrais que nature, les caméras révolutionnaires et les effets spéciaux novateurs n’ont qu’un seul but : servir l’histoire et les personnages.

La sortie d’Avatar 3 est prévue pour la fin 2024 (mais Jim nous a habitués aux changements de programme). Le tournage serait terminé à 95 %. L’écriture des épisodes 4 et 5 serait terminée. Le tournage du 4 aurait même commencé, pour une sortie prévue en 2026. Entretemps, évidemment, beaucoup d’événements peuvent reporter voire annuler ces suites. James Cameron a déclaré qu’il envisageait de ne pas mettre en scène lui-même les derniers épisodes. Pour se consacrer à d’autres projets ? On peu compter sur lui pour nous surprendre…

6 commentaires sur “James Cameron : de Terminator à Avatar

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  1. Un grand réalisateur, de bons scénarios, de bonnes histoires aussi ! Après, il n’a pas non plus le côté percutant de Fincher ou d’autres, il reste dans quelque chose d’assez convenu en général, mais il le fait bien ! Avatar 2, je pense que c’est plutôt 2 milliards de dollars de recette que 2 millions ! 😉

    Aimé par 1 personne

    1. Mille milliards de mille sabords, tu as raison. C’est milliards, pas millions. Je corrige. Et je suis d’accord : James Cameron et David Fincher ne jouent pas dans le même club 😉 même s’ils ont tous les deux tourné un Alien. Fincher cherche plus à dérouter et déstabiliser le spectateur, notamment par la structure du récit, tandis que Cameron est plus rentre-dedans.

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