Visiter Paestum : des temples grecs dans le sud de l’Italie

Moins connu que Pompéi ou Herculanum, Paestum est un autre site archéologique spectaculaire à visiter dans la région de Naples. On peut y découvrir trois impressionnants temples grecs dans un bel état de conservation. Et dans le musée à côté du site, ne manquez pas les célèbres fresques de la Tombe du plongeur, un témoignage unique de la peinture grecque.

Naples : une région riche en sites archéologiques

La région de Naples est riche en sites archéologiques. On pense bien sûr à Pompéi, un des sites archéologiques les plus célèbres au monde. Non loin de là, il y a aussi Herculanum. Détruite en même temps que Pompéi par l’éruption du Vésuve en 79 apr. J.-C., cette cité romaine est moins connue, mais tout aussi remarquable.

N’oublions pas Naples elle-même. Cette ville importante d’Italie possède une histoire très riche qui remonte à l’époque grecque. Elle s’appelait alors Neapolis. On peut découvrir un aperçu du passé grec et romain de la ville en s’enfonçant dans les profondeurs du centre historique.

À ces sites que nous avons déjà explorés s’ajoute Paestum, un peu éloigné de Naples et très différent de Pompéi ou Herculanum. Ce site archéologique d’envergure, un des plus importants d’Italie du Sud, se trouve à une centaine de kilomètres au sud de Naples et à 40 kilomètres de Salerne.

De Poséidonia à Paestum

À la fin du 7e siècle avant JC, les Grecs installent une colonie au bord de la mer tyrrhénienne. Ils la baptisent Poséidonia. Ce village-forteresse prospère aux 6e et 5e avant JC. Ses habitants nouent des relations étroites avec les peuples voisins et s’intègrent dans un vaste réseau d’échange économique.

À la fin du 5e siècle av. JC, Poséidonia passe sous contrôle lucanien, puis est conquise en 273 av. JC par les Romains. Elle est rebaptisée Paestum.

Paestum prospère jusqu’au Ier siècle après JC. Ce ne sera pas le Vésuve qui causera la perte de la cité, mais des modifications hydrologiques et un manque de drainage, qui transforment le port en marécage. La malaria, puis plus tard les raids de pirates esclavagistes affaiblissent et ravagent la ville. Au 9e siècle, Pastum est finalement abandonnée par ses habitants.

Elle est redécouverte au 18e siècle. Au même titre que les fouilles de Pompéi et d’Herculanum, Paestum devient une étape obligée du Grand Tour, ce voyage initiatique et formatif en Europe que tous les jeunes aristocrates se devaient d’entreprendre. La visite des ruines de l’antique cité grecque leur permettait de s’initier à l’architecture des temples grecs et de leur épargner le déplacement en Grèce, alors sous domination turque.

Les deux temples d'Héra à Paestum

Trois temples grecs

Paestum a moins été épargnée que Pompéi ou Herculanum par les ravages du temps. La plupart des édifices de la cité ont été détruits, à l’exception de 3 temples grecs de style dorique.

Le temple d’Héra I (ou Basilique)

Le plus ancien des temples de Paestum se situe au sud du site. Construit à la seconde moitié du 6e siècle avant JC, il a été érronément appelé Basilique par les archéologues lors de la découverte du site. En effet, à cause de la disparition du fronton, de l’entablement et de la cella du temple, les restes de l’édifice rappelaient l’agencement d’une basilique civile. Des découvertes ultérieures ont permis de découvrir qu’il s’agissait en réalité d’un temple dédié à la déesse Héra, épouse de Zeus et figure protectrice de Poséidonia.

À l'intérieur du temple d'Héra (ou "Basilique") à Paestum

Le temple d’Héra II (ou Temple de Poséidon)

À quelques mètres de ce premier temple, se dresse le temple le plus récent. C’est aussi le mieux conservé et le plus impressionnant. Construit au milieu du 5e siècle avant JC, il est lui aussi dédié à Héra. Sa conception rappelle celle du temple de Zeus à Olympie.

Les découvreurs des ruines de Paestum ont d’abord attribué ce temple à Poséidon (Neptune pour les Romains), mais des découvertes ultérieures ont amené les archéologues à revoir le nom du temple. Ils n’expliquent cependant pas la proximité de deux temples dédiés à la même divinité, Héra.

Le temple d'Héra II (ou temple de Poséidon) à Paestum

Le temple d’Athéna (dit temple de Cérès)

Le troisième temple, plus petit, a été construit vers 500 avant JC. Il se trouve au nord du site de Paestum, à environ 500 mètres des deux autres. Lors de sa découverte, les archéologues l’ont attribué à Cérès, déesse romaine de l’agriculture et de la fertilité. La découverte ultérieure de statuettes d’Athena a remis en question cette première appellation.

À l’époque médiévale, le temple d’Athéna a été transformé en église. Les murs de la cella à l’intérieur du sanctuaire ont été abattus et des tombes ont été creusées sous l’édifice.

Le petit temple d'Athéna (ou temple de Cérès) à Paestum

Les autres vestiges de Paestum

En suivant la Via Sacra, la rue principale de Paestum, vers le temple d’Athéna, vous constatez à quel point le site est vaste. Malheureusement, les autres bâtiments de la cité antique n’ont pas aussi bien traversé le temps que ces temples. Il n’en subsiste souvent que le bas des murs. Vous longez le forum romain, probablement construit à l’emplacement de l’agora grecque.

L’amphithéâtre romain a connu un destin tragique, puisqu’il a été coupé en deux lors de la construction d’une route longeant le site, en 1930.

Le bouleuterion a eu plus de chance. Délaissé par les Romains, ce lieu de rassemblement du conseil de citoyens, est plutôt bien conservé.

Bouleuterium, sur le site de Paestum

Le musée archéologique de Paestum

C’est au musée archéologique, à côté du site, que sont conservés et exposés les oeuvres et objets retrouvés sur le site et dans les environs. La visite permet d’en savoir plus sur l’histoire de Poseidonia/Paestum et sur la vie quotidienne.

On y trouve des statues, des fragments de bâtiments, des bijoux, des vases, des objets du quotidien, des artefacts funéraires… Un des fleurons de la collection, ce sont les peintures funéraires. La plupart proviennent de tombes lucaniennes, mais les plus célèbres ont été trouvées dans une sépulture, la Tombe du Plongeur, qui date de l’époque grecque.

Vase conservé au Musée archéologique national de Paestum

La tombe du plongeur

Ces fresques ont été découvertes en 1968 dans une petite nécropole à 1,5 km au sud de Paestum. D’après les archéologues, elles auraient été peintes autour de 480-470 av. JC. La Tombe du Plongeur (tomba del tuffatore en italien) doit son nom à la peinture du plafond de la tombe, qui montre un athlète plongeant dans l’eau.

Peinture murale du plongeur (de la Tombe du Plongeur) au Musée archéologique de Paestum

Les autres fresques de ce tombeau de petite taille entouraient le corps. Elles dépeignent un symposium, un banquet rassemblant dix personnages. L’iconographie de la tombe suggère que le défunt était un jeune homme grec issu de la haute société.

Différentes interprétations ont été avancées au sujet de ce plongeur. Est-ce une représentation symbolique du saut dans l’inconnu (et dans la mort) ? Ou est-ce simplement la description d’une activité qu’appréciait le défunt ? Nous n’aurons sans doute jamais la clé du mystère.

La seule certitude, c’est que ces fresques sont exceptionnelles, pas seulement pour la délicatesse de l’exécution picturale. Elle constituent en effet un témoignage unique de peinture figurative pariétale grecque de l’époque classique.

Une des scènes de banquet décorant la Tombe du Plongeur, au musée archéologique de Paestum

Se rendre à Paestum

Lors de notre séjour dans la région de Naples, nous n’avions pas de voiture. De Sorrente où nous logions, nous avons pu Pompéi, Herculanum et Naples facilement grâce à la Circumvesuviana, une ligne de train qui relie Sorrente à Naples.

En revanche, c’était trop compliqué d’aller de Sorrente à Paestum en transport en commun. En bus ou en train, il fallait passer par Naples ce qui allongeait considérablement le temps de trajet (plus de 3 heures pour un aller simple !).

Comme nous avions vraiment envie de découvrir le site, nous avons donc opté pour une excursion en car vendue à l’hôtel, qui comprenait une visite guidée de la zone archéologique de Paestum et du musée, précédé d’une étape à Salerne.

Au programme :

  • Départ tôt le matin de Sorrente
  • Arrêt à Salerne pour visiter la cathédrale
  • Visite du site archéologique de Paestum en fin de matinée
  • Pause lunch
  • Visite du musée archéologique national de Paestum
  • Retour en car à Sorrente

Pour le lunch, nous avons mangé dans un restaurant à côté du site archéologique, près du musée. J’ai le souvenir vague que c’était un menu de groupe prévu pour les participants de l’excursion. La nourriture de m’a pas marqué.

L'entrée du musée archéologique national de Paestum

Je garde en revanche un bon souvenir de l’organisation de l’excursion. La guide était souriante et compétente. Nous étions les seuls francophones dans un groupe anglophone. Comme elle parlait très bien français, elle a pris le temps de nous donner des explications en français.

L’arrêt à Salerne était trop bref pour découvrir la ville, mais c’était du bonus puisque c’était Paestum qui nous intéressait. La cathédrale de Salerne est très surprenante. Sa visite était donc une belle découverte.

Dans l’ensemble, nous avons eu assez de temps pour visiter le site archéologique de Paestum et le musée. Nous nous serions sans doute attardés d’avantage si nous n’avions pas été dans un groupe, notamment pour prendre les photos, mais nous n’avons pas été frustré par le manque de temps.

Le temple d'Héra I à Paestum

Infos pratiques

Heures d’ouverture du site

Le parc archéologique de Paestum est ouvert tous les jours de 8h30 à 19h30, d’avril en septembre. Le site ferme plus tôt en hiver, car le soir tombe plus tôt.

Tarif

Le ticket d’entrée donne accès au site archéologique et au musée archéologique de Paestum, ainsi qu’au site archéologique de Velia, une autre cité grecque située à une cinquantaine de kilomètres de Paestum. Le ticket est valable 3 jours.

Tarif plein : 15 euros
Tarif réduit : 2 euros (pour les jeunes entre 18 et 25 ans)
Gratuit pour les moins de 18 ans

Il est possible d’acheter les tickets en ligne, via Vivaticket.com (uniquement en italien), à la billetterie du musée archéologique de Paestum ou à l’entrée des deux sites archéologiques.

Le site internet officiel des sites archéologiques de Paestum et Velia est uniquement disponible en italien, anglais et chinois.

Temple d'Héra I (site archéologique de Paestum)

Paestum, un site à visiter ?

Avant mon séjour dans la baie napolitaine, je n’avais jamais entendu parler de Paestum. Je connaissais par contre les fresques de la Tombe du Plongeur. Très célèbres, elles ont été abondamment reproduites dans des livres d’histoire. La découverte de ces temples magnifiques a donc été une belle surprise.

Le site archéologique de Paestum mérite largement le détour si vous séjournez en Campanie. Il propose un autre regard sur l’histoire de la région. Outre ses trois temples, le musée vaut la peine d’être visité, surtout pour ses fresques.

Le site est également très agréable à visiter quand il fait beau. Prévoyez une ombrelle, un chapeau ou une casquette, car il y a peu de zones d’ombres pour s’abriter du soleil. En revanche, mieux vaut éviter d’y aller quand il pleut.

Les arbres du site archéologique de Paestum
Quelques arbres fournissent des zones d’ombres et apportent une touche de verdure au site.


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6 commentaires sur “Visiter Paestum : des temples grecs dans le sud de l’Italie

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  1. Belle découverte que cette superbe visite à Paestum.
    Je n’avais jamais entendu parler de cet endroit, malgré mon intérêt pour les vieilles pierres.
    Ces temples sont impressionnants par leur taille et leur tenue malgré les siècles.
    Quant aux peintures de la tombe du plongeur, c’est époustouflant !
    Merci pour cet article fort intéressant. Quel beau voyage !

    Aimé par 1 personne

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