Le tsunami IA va-t-il nous submerger ?

Révolutionnaires, spectaculaires, incroyables, disruptives… Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner les IA génératives. Chat GPT, Midjourney et bientôt Sora suscitent beaucoup d’enthousiasme chez les professionnels du numérique. On parle volontiers de tsunami qui va bouleverser le monde de la communication, et plus généralement la façon dont on travaille.

En marge de cette fascination sans réserve pour ces nouvelles technologies, les pros de la création sont plus prudents, voire carrément opposés. Photographes, illustrateurs, graphistes, vidéastes… les IA génératives remettent en cause nos processus créatifs et ont déjà un impact sur le marché dans lequel nous évoluons. Que faut-il penser de l’évolution fulgurante de ces intelligences artificielles ? Vont-elles nous aider ? Ou au contraire vont-elles nous remplacer ?

Je vous livre ici mes réflexions personnelles, inspirées par deux conférences du Café numérique et par l’annonce de Sora, la nouvelle révolution d’OpenAI.

L’IA prend son Café numérique

Le Café Numérique de février 2024 à Liège avait pour thème « L’IA au coeur de la communication et de la productivité » et c’était merveilleux.

Pour ceux qui ne connaissent pas, le Café numérique, c’est un rendez-vous Tech qui a lieu tous les premiers lundis du mois. Au programme : deux ou trois conférences, courtes mais inspirantes, autour du numérique, des nouvelles technologies et de l’innovation, suivies d’un peu de networking, à la Grand Poste, au coeur de Liège.

Café numérique à Liège : L'IA au coeur de la communication et de la productivité"

Copilot : le futur de la bureautique ?

Dans la première des deux interventions, Elyne Gilles a montré comment l’IA Copilot de Microsoft va révolutionner Office (et toute la productivité de l’entreprise).
Plus besoin de se casser la tête pour choisir quel candidat engager, il suffit de demander à Copilot de choisir le perfect match entre la job description et les CV reçus. Et si finalement cette perle rare ne convient pas, Copilot peut rédiger la lettre pour la virer à votre place. 

Copilot peut résumer des réunions Teams, écrire des rapports, filtrer vos emails et y répondre, nettoyer et analyser vos feuilles Excel, et même préparer vos présentations Powerpoint. C’est la parfaite secrétaire artificielle.

Comme c’est merveilleux !

Ai x Humans : l’avenir du marketing ?

Ensuite, avec un débit mitraillette, Jeremy Coxet a raconté pourquoi il avait abandonné une agence marketing de type paquebot pour en fonder une de type hors bord, AIxH, mieux équipée pour résister à la vague, plutôt le tsunami, de l’IA !

Le nom (AI x Humans) annonce clairement la couleur : son agence utilise l’IA de façon intensive pour disrupter le système marketing et proposer des campagnes hyper personnalisées.
Midjourney permet de limiter les shootings photo au strict minimum (et demain sans doute de s’en passer tout à fait). 

Photographes, graphistes et illustrateurs peuvent être remplacés par une poignée de prompt engineers, puisque l’IA peut générer et décliner ad nauseam des visuels à l’infini, pour une bouchée de pain.

Comme c’est merveilleux !

Bref, si on écoute ces deux orateurs, l’IA est une révolution merveilleuse. Un tsunami sur lequel on n’aura pas d’autre choix que de surfer. 
Mais en tant que créatif, menacé d’être viré par une IA pour être remplacé par une autre, je n’arrive pas vraiment à me réjouir de ce futur merveilleux.

Réinventer son processus créatif avec l’IA ?

J’ai publié une version raccourcie de ce texte un brin sarcastique sur mon compte Linkedin, quelques jours après le Café numérique. Il a suscité pas mal de réactions, beaucoup plus que d’habitude, dont un commentaire de Jeremy Coxet qui m’encourageait à voir la situation positivement et à réinventer mon « approche créative, en l’enrichissant avec les outils qu’offre l’IA.« 

Dans ma réponse à ce marketeux, qui n’envisage sans doute le processus artistique que sous l’angle d’un rapport coût/résultat, j’expliquais que j’ai déjà testé l’IA générative, mais que la perspective de créer des illustrations et des photos à partir de prompts ne m’excitait absolument pas.

Le tsunami IA vs les créateurs - Illustration vectorielle

Venant du dessin, mon processus créatif pour créer des illustrations est en effet un voyage, avec des recherches, des fausses pistes et des surprises. Surtout, il y a le plaisir (mêlé de douleur parfois quand les choses ne se passent pas comme attendu) de voir les images se construire pas à pas, en partant d’un croquis sommaire jeté dans un carnet. Et pas de surgir comme par magie, générées par un algorithme qui pille le travail d’autres artistes.

Je ne suis pas complètement opposé à l’IA, cependant. J’utilise en particulier les nouvelles intégrations basées sur l’IA dans la suite Adobe (en particulier dans Photoshop ou Illustrator). Elles permettent de gagner du temps dans le processus créatif sans renoncer au plaisir de dessiner et de créer.

J’apprécie particulièrement de pouvoir rapidement étendre une image existante, de supprimer des éléments dans l’image et plus rarement d’y insérer des trucs. Pour cet article, j’ai testé la fonction recolorisation dans Illustrator.

Les artistes vs l'IA : illustration générée par Firefly dans Photoshop
Les artistes vs le tsunami IA : illustration générée par Firefly dans Photoshop

Sora : la révolution de la vidéo ?

Le développement des IA progresse à une vitesse fulgurante. Cette semaine, alors que je travaillais sur cet article, OpenAi présentait Sora, sa nouvelle créature merveilleuse, qui permet de créer des vidéos d’une minute à partir d’un prompt.

En découvrant ces premières vidéos sur LinkedIn, j’ai d’abord été sidéré. Et puis, comme souvent avec les images générées par l’IA, l’enthousiasme est retombé en les examinant plus attentivement. Il y a plein de problèmes dans ces vidéos : prompt non respecté, physique mal gérée, interactions problématiques entre les objets…

Actuellement, Sora n’est qu’une preview, qui n’est pas accessible au public. Il faudra donc attendre et la tester pour vérifier si c’est bien la révolution annoncée. On néanmoins penser que c’est le premier pas vers de nouveaux outils qui vont bouleverser le quotidien, voire le métier, des professionnels de l’audiovisuel.

Comme il est merveilleux le futur des créateurs !

Un débat ouvert

Les IA génératives évoluent tellement vite qu’il est dangereux d’avoir un avis trop tranché sur le sujet. Il y a un peu plus d’un an, je n’avais jamais entendu parler de Midjourney ou de ChatGPT. Et je n’aurais jamais imaginé qu’une intelligence artificielle puisse créer des images de ce niveau.

Chaque semaine apporte son lot d’améliorations et de nouveautés. Les ordinateurs, les téléphones et bien sûr les logiciels s’adaptent pour intégrer ces nouvelles technologies. Il est donc difficile de prévoir jusqu’à quel point les logiciels et outils de création vont se transformer. On a bien vu le smartphone s’imposer de plus en plus, en remplaçant de l’appareil photo.

Plutôt que proclamer « Jamais je n’utiliserai l’IA ! » , je préfère donc un prudent « J’espère que dans le futur j’aurai encore le plaisir de dessiner et de prendre des photos » . Ce qui aujourd’hui est une évidence reste tellement incertain dans cet avenir qui sera dominé par les IA.

Et vous, que pensez-vous des IA ? Les utilisez-vous dans votre processus créatif ? Aimez-vous l’esthétique de ces images ?

Note

L’illustration principale qui sert de couverture à cet article est la refonte d’un dessin initialement créé en arrière-plan d’un portrait de Greta Thunberg. Je l’avais déjà adapté une première fois pour illustrer un article sur les inondations à Liège. Pour réaliser cette nouvelle version, j’ai testé la nouvelle fonction de recolorisation par l’IA introduite dans les dernières versions d’Illustrator. J’ai utilisé un prompt « apocalypse cyberpunk » pour obtenir une ambiance inspirée du film Matrix.

L’autre illustration qui figure dans cet article a été généré avec Firefly dans Photoshop, en tapant le prompt suivant : « artiste submergé par l’IA, dans un style flat design » . Elle n’a pas été retouchée.

N’hésitez pas à commenter ces deux images.


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10 commentaires sur “Le tsunami IA va-t-il nous submerger ?

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  1. L’imaginaire et le rêve sont virtuels, mais c’est l’individu qui en est le créateur. L’IA ne créera pas le sentiment, la sensation intime ou le toucher réel d’un autre être vivant, entre autres. À force de manipuler la réalité, après la fascination viendra la perte de conscience et la naissance de l’homme-robot au service des dictateurs, qui vivent dans leurs rêves (jamais suffisants) bien ancrés dans le monde réel.

    Aimé par 3 personnes

  2. Complètement d’accord avec karouge. L’IA finira par faire perdre sa créativité à l’homme et le fera devenir « chevre » ou « mouton », avec tout ce que cela implique…
    Je pense que de sérieux cadres seront nécessaires pour faire barrière à l’IA qui essaiera de s’infiltrer partout dans nos vies.
    Le progrès oui, mais pas à n’importe quel prix !

    Aimé par 1 personne

      1. Mais je parlais d’eux parce que j’ai assisté à une conférence dont le sujet était l’IA dans l’art ou plutôt l’art dans l’IA. L’artiste y perdait son âme. Alors pour le reste, je n’ose imaginer…

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