À Liège, le chantier du tram progresse (trop) lentement. Et on continue d’en rire. Après quelques vidéos parodiques, où l’on croisait Barbie ou Trump, j’ai imaginé à quoi pourrait ressembler le logo de la ville de Liège après toutes ces années de travaux.
Le logo parodié
Les travaux du tram à Liège n’en finissent pas de finir. Le chantier avance. Il entre, semble-t-il, dans sa phase finale. Mais sa progression entraîne de nouveaux bouchons et problèmes de circulation. Le trajet en bus pour rentrer chez moi à partir du centre ville prenait en temps normal une quinzaine de minutes. Il s’étire à présent, selon les jours, jusqu’à plus de 45 minutes. Tout cela dans des bus bondés de gens surexcités et énervés.
Ce sont ces travaux interminables et ces bouchons de Liège qui m’ont inspiré cette parodie. L’idée m’est venue en un flash un matin. Une vision de cônes de signalisation, tant vus sur les chantier, à la place des barres du logo original. J’ai dessiné le logo détourné rapidement (sur Adobe Illustrator). L’animation m’a demandé un peu plus de temps.

Le logo original de Liège : polémique et double sens

Créée au début des années 2000, la nouvelle identité graphique de Liège avait fait couler beaucoup d’encre, tant pour le coût de sa réalisation que pour sa signification. Ce logo très stylisé représente le Perron liégeois, un des symboles historiques de la ville. Mais, certains à l’esprit plus mal tourné ont vu un doigt d’honneur dans ce graphisme simplifié. Depuis, cette interprétation triviale, on l’espère fortuite, est restée très populaire.
Peu après le dévoilement de ce logo, l’artiste liégeois Christian Vertessen l’avait déjà détourné, en y représentant… des travaux ! Le chantier du tram n’avait pourtant même pas encore commencé.
Un blason équivoque
L’ancien logo de la ville, hérité du blason de la principauté de Liège, n’était pas en reste niveau double sens. Le dessin du Perron, avec sa colonne épaisse et son chapiteau proéminent en soulignait lourdement la symbolique phallique.

Source du blason : Liège sur Wikipédia
Le Perron : symbole de pouvoir et de liberté
Comme on peut le voir sur les photos aujourd’hui, les dessins du blason et du logo ont pris beaucoup de liberté par rapport au véritable Perron de Liège, qui est beaucoup plus élancé. Aujourd’hui, le Perron est une fontaine surmontée d’une colonne, mais son aspect a varié au cours des siècles. Il a vécu une histoire mouvementée marquée par les jeux de pouvoir et les catastrophes naturelles.

L’origine du Perron de Liège est incertaine. Bien des légendes entourent son histoire. Il apparaît pour la première fois sur une monnaie princière au 12e siècle. Liège est alors la capitale d’une principauté épiscopale. Il symbolise alors le pouvoir de justice du prince-évêque.
Le Perron devient ensuite, au début du 13e siècle, le symbole des libertés accordées aux Liégeois par le prince-évêque Albert de Cuijk. Il était érigé au cœur de la ville, à une position stratégique, devant l’Hôtel de Ville et près de la cathédrale, aujourd’hui détruite.
Après sa victoire contre Liège, en 1467, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire emporte le Perron à Bruges. Il signifie ainsi aux Liégeois leur défaite et la perte de leurs libertés. Après la mort de Charles le Téméraire, sa fille Marie de Bourgogne autorise le retour du monument à Liège. Les Liégeois célèbrent la réinstallation du Perron, notamment par une inscription commémorative sur son piédestal.
À la fin du 17e siècle, une tempête renverse et endommage le Perron. Jean Del Cour, le célèbre sculpteur liégeois, le répare et le remanie dans le style baroque. Il ajoute notamment la sculpture des trois Grâces, à la base de la pomme de pin au somment de la colonne. C’est sous cette forme qu’on le connaît aujourd’hui.

Aujourd’hui, le Perron conserve toute sa symbolique. Il est toujours installé sur la Place du Marché. Il reste un des monuments emblématiques de Liège, même si au jeu de qui « a la plus grosse », il a perdu face à des constructions récentes. Malgré une restauration d’envergure pour lui rendre sa superbe, il a perdu un peu de son pouvoir dans le paysage de la place. Il est un peu éclipsé par les arbres, les travaux et surtout les terrasses de cafés et restos qui ont fleuri sur la place. Quand il n’est pas englouti par le marché de Noël.
Détours et détournement
C’est donc une série de détours, et les problèmes de circulation qu’ils entraînent, qui m’ont conduit à créer ce détournement. Par ricochet, il m’a emmené dans d’autres détours iconographiques, historiques et symboliques. C’est un nouveau tour de magie de l’imagination et du pouvoir des images.
Notes :
Pour en savoir plus sur l’histoire mouvementée du Perron de Liège :
- Connaître la Wallonie : le Perron de Liège
- Cirkwi.com : le Perron
- Histoires de Liège : la place du Marché
En savoir plus sur Imagier
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Bravo pour cette parodie ! Je la trouve réussie, elle rappelle à la fois les travaux et l’emblème de Liège. Et quand tout sera terminé, ce logo rappellera tous ces mauvais souvenirs de circulation…
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Bien vu ! Joli détournement ! 🙂
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