13 septembre 2022. Quelques jours après la reine Elizabeth II, Jean-Luc Godard a rendu son dernier souffle, à l’âge de 91 ans. L’annonce de sa disparition a un peu été noyée dans la tempête médiatique qui entoure la mort de la reine d’Angleterre. Pourtant, d’une certaine façon, Godard était lui aussi un roi, qui a bouleversé profondément l’histoire du cinéma et dont l’influence résonne encore aujourd’hui.
En apprenant sa disparition, la première image qui me vient en tête est celle du couple Jean-Paul Belmondo-Jean Seberg déambulant dans le Paris d’A bout de souffle. C’est à partir de cette image que j’ai construit cet hommage, en dessinant cette affiche alternative avec Procreate sur iPad.
Un dessin largement improvisé, qui aurait pu être le point de départ d’une illustration plus élaborée et plus léchée, mais que j’ai décidé de laisser dans son jus.
A bout de souffle (1960) est le premier long métrage de Jean-Luc Godard. Ce polar tout simple, inspiré d’un fait divers, détonne par son rythme singulier et son montage non conventionnel. Obligé de couper dans son film trop long, Godard préfère couper à l’intérieur des scènes plutôt que de supprimer des séquences. Ce rythme rapide et discontinu, le charme du couple vedette, les punchlines, la musique de Michel Portal séduisent le public malgré un classement « interdit au moins de 18 ans ». Le film devient un emblème de la Nouvelle Vague et va influencer plusieurs générations de cinéastes, bien au-delà des frontières françaises.
« Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville… allez vous faire foutre ! »
A bout de souffle donne le ton des films à venir. Tout le génie de Godard y est déjà : le mépris des règles et des codes, le sens de la formule et du dialogue, l’art de choisir et diriger les acteurs, l’amour du cinéma. Le cinéaste s’engouffre dans les années 60 à toute allure, enchaînant les films, séduisant les plus grandes actrices, alternant chefs-d’oeuvre et films plus exigeants, divisant la critique et parfois le public, créant polémiques et scandales.
Après mai 68, Godard se politise radicalement et tourne des films plus exigeants et engagés. Il se lasse du cinéma, expérimente avec la vidéo, détourne des commandes pour la télévision.
Il revient au cinéma au début des années 80, fait scandale avec Je vous salue Marie, fait tourner Johnny Hallyday, puis Delon et Depardieu. En parallèle, il se livre à une réflexion en vidéo sur le cinéma dans la série de films-essais Histoire(s) du cinéma.
De sa tanière en Suisse, Godard continue à expérimenter dans des films de plus en plus hermétiques qui n’attirent plus le public. Son dernier film, Le Livre d’image, sort en 2018. Godard ne se déplace pas au Festival de Cannes, ni pour la présentation du film, ni pour la remise de la Palme d’or spéciale qui le récompense.
Les excentricités et caprices du vieillard ronchon me faisaient sourire. Et puis reviennent en mémoire les images. L’ennui d’Anna Karina et la folie de Belmondo dans Pierrot le fou, la course dans le Louvre de la Bande à part, les fesses de Bardot dans Le Mépris… Le génie d’un artiste libre qui n’a eu de cesse de briser les codes et de jouer avec le cinéma.
Imagier 
Entièrement d’accord avec ton article. Godard fut un des très grands avant-gardistes qui ont bouleversé notre vision du cinéma dans les années 60 et après. Il restera à jamais, pour moi aussi, gravé dans mon esprit avec À bout de souffle, Le mépris, Pierrot le fou… Il a su nous faire découvrir de vrais talents, dans des rôles complètement différents. Cet homme rebelle est pour moi un des meilleurs réalisateurs du cinéma français. Bravo pour tes croquis (j’aime bien celui de Jean Seberg !)
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I’m a huge fan.
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