
Hammersmith Apollo, 27 août 2014. 19h45.
L’attente interminable s’achève. Dans la salle, les lumières s’éteignent. Les musiciens montent sur scène. Il est 19h45 précises. Ils commencent à jouer. L’intro de « Lily » avec son incantation parlée retentit. Kate Bush entre en scène, suivie de 5 choristes. Standing Ovation. Elle commence à chanter. La silhouette de la chanteuse, camouflée dans un long manteau noir, s’est épaissie, mais sa voix n’a rien perdu de sa force et de sa beauté.
La première chanson s’achève. Standing ovation à nouveau (ce ne sera pas la dernière). Kate Bush sourit, remercie le public pour son accueil. Elle remercie aussi son fils Bertie, 16 ans, qui est dans les choeurs. « Lily« , une chanson méconnue, est un choix surprenant pour ouvrir le bal. Surprenant mais assez cohérent. Il n’y a pas de décor sur la scène. Ça aussi c’est surprenant, presque décevant. Juste le band (7 musiciens) qui semble remplir tout l’espace derrière la chanteuse et un jeu de lumière. On est loin du show théâtral pressenti.
Kate Bush, pieds nus, semble à l’aise. Elle enchaîne avec « Hounds of Love« , un de ses plus grands tubes, tiré de l’album éponyme. Le band joue fort, la voix de la chanteuse est belle, sans être mise en avant. Ils alternent hits et titres moins connus : « Joanni » (chanson hommage à Jeanne d’Arc, avec quelques mots en français), puis le tube absolu « Running Up That Hill« , suivi d’une très belle version de « Top of the City« , un titre peu connu de l’album « The Red Shoes » (et revisité dans le récent « Director’s Cut« ), où sa voix fait des prouesses. Et voilà « King the Mountain« , le single du comeback en 2005 (après un silence de 12 ans) qui ouvrait l’album « Aerial« . Cette chanson en hommage à Elvis prend une toute autre dimension sur scène.
A la fin de la chanson, Kate Bush s’esquive. Un des musiciens vient sur le devant de la scène, entame une sorte de danse de la pluie. Un coup de canon résonne. Une pluie de confettis jaunes tombe sur la salle. Un écran descend devant la scène.

The Ninth Wave
Sur l’écran, une vidéo apparaît. Un astronome y a capté un message d’un bateau en détresse. L’écran disparaît, dévoilant une scène métamorphosée. Les musiciens sont relégués à l’arrière plan, à peu près masqués par le décor. Une carcasse de bateau emplit la scène, surplombée par un écran vidéo, où apparaît bientôt Kate Bush et son gilet de sauvetage orange, immergée dans l’eau jusqu’au cou. Elle commence à chanter : « Little light shining… » C’est le début bouleversant de « And Dream Of Sheep« , la chanson d’ouverture de « The Ninth Wave« , la fameuse suite de chansons de « Hounds of Love« , qui conte la mésaventure d’une femme perdue en mer confrontée à des visions tandis qu’elle attend les secours.
Fini le concert rock, on est dans le théâtre musical, avec décor, vidéos, effets spéciaux, acteurs et danseurs. Les choristes sont devenus acteurs. Des danseurs à têtes de poissons ont fait leur apparition. Un hélicoptère survole le public à grands renforts de lumières et de fumée. Une étrange maison apparaît sur scène, puis une énorme bouée, pour le final de la suite musicale. Kate bush tente de s’y agripper avant d’être emportée par ses danseurs dans le public. Wow !
Après ce morceau de bravoure, les musiciens, tous avec une guitare à la main, rejoignent Kate Bush sur scène, pour une magnifique version acoustique de « The Morning Fog« , l’épilogue en forme de « Thank you » clôturant cette suite musicale. Le rideau tombe, après déjà une heure 15 de spectacle. 20 minutes d’entracte.

A Sky of Honey
Quand le rideau se lève après l’entracte, il dévoile une autre configuration sur la scène. Les instruments à gauche, une porte géante en bois à droite, une forêt projetée sur un écran à l’arrière plan. La porte s’ouvre, un pantin de bois et son marionnettiste entrent. La musique commence. C’est le début de « A Sky Of Honey« , une autre suite conceptuelle de chansons, le second disque du double album « Aerial« .
J’étais certain du potentiel scénique de « The Ninth Wave« . Je l’étais moins à propos de « A Sky of Honey« . L’adaptation pour la scène est remarquable. Kate Bush commence le « Prologue » au piano. Comme dans « The Ninth Wave« , sa voix est magnifiquement mise en valeur par les arrangements. Il y a des interactions entre les musiciens et la marionnette. Le fils de Kate Bush tient le rôle du peintre et a droit à une chanson solo, qui ne figurait pas dans l’enregistrement original. Des oiseaux en gros plan traversent au ralenti l’écran géant à l’arrière plan. Les danseurs et choristes, transformés en oiseaux, bougent lentement. Le temps semble s’arrêter.

« A Sky Of Honey » est une suite musicale qui « raconte » le déroulement d’une journée d’été, tout en crescendo, du « Prélude » au piano tout en délicatesse jusqu’à « Aerial« , le final endiablé qui célèbre le retour de l’aube. Kate, les musiciens, les danseurs saluent le public, à nouveau debout. Elle revient après quelques minutes pour le rappel, chantant seule au piano « Among Angels« , une perle tirée de son dernier album en date, « 50 Words for Snow« . Les musiciens la rejoignent pour interpréter « Cloudbusting » (un de mes morceaux favoris), qui clôt parfaitement le show. Ces 3 heures de spectacle ont passé trop vite.
« Before The Dawn » est donc un triomphe. Même si Kate Bush n’a joué aucun des hits de son début de carrière, comme « Wuthering Heigths » ou « Babooshka« , ce spectacle est une parfaite introduction à son univers si singulier. Une belle façon de relire son chef d’oeuvre « Hounds of Love« , qu’elle a joué presque dans sa totalité, et une invitation à découvrir ses albums récents.

L’accueil du public, l’aisance et la beauté de sa voix, le plaisir qu’elle semblait prendre sur scène, pour toutes ces raisons, on espère ne pas devoir attendre 30 ans pour une autre série de concerts.
Retrouvez toutes les chansons du concert dans cette playlist « Before The Dawn« sur Spotify.
Belle chronique. Bravo! On s’y croirait
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Merci. Pas facile de résumer 3 heures de spectacle. C’est ma première chronique de concert, mais quel concert ! 🙂
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Mille doux & tendres Merci pour ce Beau Partage !!! Grâce à Vous, j’y étais « presque »!!! Vous saupoudrez ma légitime Amertume d’un très doux doux Réconfort avec cette très belle Chronique !!! Merci !!! Immense Sourire
***Tincky***
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Merci pour la visite. Il est peu probable que ce spectacle parte en tournée. Mais on peut espérer un DVD, maigre consolation pour tout ceux qui ne pouvaient en être, mais consolation tout de même…
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Oui, je suppose qu’il est fort peu probable que ce spectacle parte en tournée !!! Soupir
Mais cela serait merveilleux si elle jouait « les prolongations » en 2015… Sourire Espoir
Sinon, effectivement, même si cela ne sera qu’une maigre consolation, j’achèterai le DVD avec grand Bonheur !!! Sourire Enchanté
Merci pour votre sympathique visite !!! Clin d’œil Sourire
Bonne et douce journée Gilderic !!! Sourire
***Tincky***
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merci pour ce partage, grande émotion…,
j’y étais aussi le vendredi 19 septembre, exceptionnel concert, très théâtral; mais on en attendait pas moins ! quelle jouissance d’être dans le même espace que cette artiste que je vénère depuis ses débuts et de l’entendre là, chanter devant moi !…les dernières nouvelles concernant une sortie DVD et Blu-ray sont confirmées, puisque le concert a été filmé en 4K (ultra HD) le 16 et le 17 septembre…
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Merci. Quel moment inoubliable c’était en effet. J’attends le DVD avec impatience.
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Ah tiens un DVD ce serait bien çà… Le show avait l’air top!
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Je rêvais que l’on me raconte ce moment que j’ai raté, c’est comme si j’avais raté LE moment de ma vie, je ne m’en remettrais jamais. J’espère un autre concert mais cela ne semble pas prévu.
Quand j’écoute le live l’émotion me submerge et immanquablement les larmes me viennent ! J’ai envie de savoir pourquoi le public réagit fort ici et s’extasie là, ce qu’il se passe sur scène, ce qu’elle fait, comment elle danse, tout quoi. Fan de la première heure je suis. Et donc je te remercie pour ce partage !
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Je suis heureux que mon article ait pu combler en partie ce manque. Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, malgré toutes ses qualités, le disque ne restitue pas tout à fait l’incroyable énergie et l’émotion de la soirée. Le son a été un peu poli. En revanche, il est tout à fait fidèle aux qualités artistiques, musicales et vocales du concert. Il n’y a pas de DVD prévu pour le moment, mais le concert a été filmé, donc l’espoir de voir surgir un jour un témoignage visuel n’est pas perdu. Quant à un autre concert… Qui sait, avec Kate Bush, on ne peux jamais prévoir…
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