Après avoir pris de la hauteur et photographié la ville dans son ensemble, pourquoi ne pas redescendre sur terre et s’intéresser à ses habitants, en pratiquant un peu de « street photography« . C’est le sujet de ce 3e épisode de « Comment photographier la ville ? »
Selon la définition, la « street photography » (« photo de rue » en français) a pour sujet principal « une présence humaine, directe ou indirecte, dans des situations spontanées et dans des lieux publics » comme la rue, les parcs, les manifestations, mais aussi les plages et d’autres espaces non urbains. Parmi les photographes célèbres qui l’ont pratiquée, on peut citer Eugène Atget, Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau ou Robert Frank.
Voici quelques conseils et exemples pour débuter ou progresser en photo de rue.
L’épineuse question du droit à l’image

Avant de commencer à photographier, un petit point de législation. Les personnes photographiées dans les espaces publics ont un droit à l’image, dans certaines conditions. Si elles ne peuvent pas s’opposer à ce que vous les photographiez en public, vous devez en revanche avoir leur autorisation pour la diffusion (y compris sur internet) des photos où elles figurent. Les lois et jurisprudences autour de ce fameux droit à l’image sont complexes et varient selon les pays. Un excellent article sur Focus Numérique fait le tour de la question en deux parties : partie 1 et partie 2.
Si vous n’avez pas envie de faire signer une autorisation de publication aux personnes que vous photographiez, il est préférable qu’elle ne soient pas le sujet principal et qu’elles ne soient pas reconnaissables sur vos clichés. Par respect pour les sujets involontaires de mes photos de rue, je privilégie cette solution. C’est pourquoi il y a autant de personnages de dos ou en silhouette sur mes photos.

L’arme du crime

Dans le premier épisode, « Reflex ou compact ? », je traitais le choix de l’appareil photo. Ce choix est crucial dans le cas de la photo de rue, où la discrétion et la réactivité sont de mise. Optez pour un appareil léger, discret et rapide. Pensez surtout à avoir toujours un appareil sous la main quand vous vous promenez en ville. Au cas où…

Un bon spot

La ville regorge d’occasions photographiques. Il s’y passe toujours quelque chose d’intéressant. Vous pouvez vous y promener et déclencher quand quelque chose se passe. Vous pouvez aussi choisir un endroit stratégique, vous y poser et, comme un photographe animalier, attendre que vos proies urbaines passent à proximité.
Qu’est-ce qui caractérise un bon « spot » ? Il faut qu’il y ait du passage, mais pas trop. S’il y a trop de monde, il devient difficile de photographier autre chose que la foule. J’aime bien me poster à proximité d’une architecture intéressante, que ce soit un monument ancien ou un bâtiment moderne, et utiliser la structure pour construire ma composition. J’ai aussi une affection particulière pour les parcs, les gares et le métro, même si dans ces derniers cas, il n’est pas toujours permis de photographier.

Chaque lieu a une ambiance particulière. L’humeur et les expressions des gens seront différents dans un lieu de passage peuplé de gens pressés (comme une gare) et dans un parc, où les gens viennent se relaxer.

Et la lumière fut

Pensez à la lumière. C’est elle qui va permettre de détacher votre sujet du fond et de pimenter votre image. Je n’utilise jamais de flash et j’aime les contrejours, pratiques pour transformer vos personnages en silhouettes. A vous de trouver la lumière qui vous convient et de composer avec les conditions météo.
N’oubliez pas que la lumière peut changer l’ambiance et même le sens d’une photo.

Par tous les temps

La ville est toujours différente. En fonction des saisons et de la météo, la lumière et les habitudes des habitants changent. Un même lieu change d’ambiance en fonction du temps. Les étés lumineux, les couleurs de l’automne, la neige en hiver, autant d’occasion de sortir son appareil pour une balade photo.

L’instant décisif

En ville, l’imprévu est de mise. Il faut être réactif, toujours paré à déclencher. Certaines occasions ne se reproduiront pas. C’est le concept du fameux « instant décisif » de Cartier-Bresson.
A la différence de la photo de paysage (urbain ou en pleine nature), vous n’aurez pas le temps de peaufiner vos réglages, de prendre votre temps pour changer d’objectif ou d’attendre la bonne lumière. Une expression ou une posture, une silhouette élégante qui passe devant vous, un événement insolite, il vous faut être rapide pour ne pas laisser échapper votre image…

Autant d’histoires

Les photos de rue racontent des histoires ou des fragments d’histoires. Tantôt cocasses, tantôt plus dramatiques. Nostalgiques, insolites, noires, romantiques, ce sont autant d’ambiances que l’on peut croiser au hasard des rues. Des ambiances et des moments vie que vous pouvez souligner par votre cadrage et le traitement de vos photos.

Format

Si les paysages urbains semblaient imposer le format horizontal, il n’y pas de règles pour la photo de rue : carré, horizontal, vertical, large,… A vous de choisir ce qui vous convient (ou ce que vous dicte le moment). Les appareils numériques permettent facilement de recadrer les images après coup, en fonction de votre humeur et du sens que vous voulez donner à la photo. Le format 16/9 donnera un cachet cinématographique à vos clichés, tandis que certaines images sont plus fortes avec un format carré. N’hésitez pas à expérimenter.

Noir et blanc ou couleur

Certains photographes de rue ne jurent que par le noir et blanc. D’autres sont des inconditionnels de la couleur. C’est avant tout une question de style et de goût. A vous de voir. Certaines photos ont beaucoup plus d’impact en noir et blanc. D’autres en revanche, ont plus de force en couleur. Comme pour le format, n’hésitez pas à expérimenter.

Il ne vous reste plus qu’à prendre votre appareil et sortir vous promener en ville, puisque la photographie de rue peut être pratiquée partout et par tous les temps.
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Un excellent article, avec des photos bien choisies et représentatives de chaque situation. La ville, la rue, voire la plage (!) est un terrain de jeu qui se renouvelle toujours, chaque cliché est unique, et quel plaisir quand on a pu capter le bon moment, la bonne lumière. C’est une chasse photographique qui donne des frissons, de l’adrénaline ! A la lecture de cet article, le choix d’un compact expert me tente de plus en plus. Je ne sors jamais sans mon reflex, mais il est vrai que parfois, il n’est pas très discret. Plus facile à utiliser dans les villes touristiques, où chaque quidam a un appareil pointé ici ou là.
Un blog très riche, j’y reviendrais !!
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Merci pour la visite et le commentaire 🙂
En effet, un compact expert est un achat utile. Pas nécessairement pour remplacer le reflex, mais pour le compléter.
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Beaux exemples! La discussion N&B ou couleur se décidera plutôt à la post-production (conversion en tons de gris) pour les photos digitales. Et beaucoup d’instants décisifs sont restés dans ma mémoire, n’ayant pas déclenché à temps!
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Merci ! Le noir et blanc ou la couleur, c’est après que ça se décide pour moi aussi. J’avais pensé le signaler dans l’article, puis j’ai oublié. 😉
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Et ce qui est difficile pour les amateurs comme moi, c’et de trouver le *temps* pour « classer » toutes ces photos numérotées après retour des vacances… C’est un minimum d’une heure par 50-60 photos, car je leur donne un titre, parfois je modifie l’échelle de blanc, je les réduis pour le partage Web, etc. Il vaut mieux ne pas trop attendre!
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A reblogué ceci sur Comme une bouteille à l'ameret a ajouté:
Ca donne envie de s’y remettre 🙂
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Excellent article! Et de très belles illustrations de tes propos.
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Merci !
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