Visiter Hasselt : au Modemuseum, le vêtement traverse le temps

L’expo Rococo Reboot au Modemuseum à Hasselt propose un passionnant voyage à travers la mode et l’histoire. À travers une magnifique collection de costumes anciens, on voyage à travers le temps.

C’est un peu par hasard que nous avons visité le Musée de la mode à Hasselt. Une amie venue de loin, passionnée de mode et de couture, voulait absolument le visiter. Nous l’avons donc accompagnée et nous ne l’avons pas regretté.

Nous avons découvert un musée agréable et surprenant, qui a trouvé un excellent moyen de mettre en valeur son impressionnante collection de vêtements et d’accessoires.

Hasselt, ville méconnue

Hasselt est une ville flamande du nord de la Belgique. C’est le chef-lieu de la province de Limbourg. Elle se situe à environ 40 minutes en voiture de Liège, à 60 minutes de Bruxelles et à seulement 30 minutes de Tongres, la plus vieille ville de Belgique. Elle conserve quelques jolies traces de son histoire dans le centre historique.

Cette histoire, qui débute au 7e siècle, a été largement marquée par le textile et la mode. Hasselt était en effet reconnue internationalement à la fin du Moyen-Âge pour la qualité de ses draps.

L’industrie drapière à Hasselt a décliné au cours des siècles. Mais la ville et ses habitants ont toujours gardé beaucoup d’intérêt pour la mode.

Le Musée de la mode : un lieu rempli d’histoire(s)

Inauguré en 1988, le Musée de la mode (Modemuseum) témoigne de cet héritage. Il est installé dans un couvent du 17e siècle, à quelques minutes à pied du centre historique. Ce bâtiment a connu une histoire mouvementée. Il a servi d’hôpital et de prison avant d’être dédié à la mode. Il a alors subi une rénovation de fond en comble pour le transformer en un lieu d’exposition spacieux et moderne.

À l'intérieur du Musée de la Mode, un bâtiment ancien modernisé.

Une collection de vêtements et de costumes exceptionnelle

Malgré les transformations et les rénovations, le bâtiment qui abrite le musée reste discret et un peu austère. Ce n’est pas pour lui qu’il faut venir à Hasselt, mais pour ce qu’il abrite : une collection exceptionnelle.

La collection du Musée de la Mode d’Hasselt est exceptionnelle. Elle s’appuie notamment sur la collection privée du scénographe et costumier Andreï Ivaneanu. Ce collectionneur passionné de vêtements anciens a accumulé au cours de sa carrière des costumes et accessoires du 19e et de la première moitié du 20e siècle.

Ce noyau initial de la collection a été acheté à la création du musée. Il s’est enrichi au fil des ans par des dons et des achats, notamment des pièces de haute couture plus récentes.

La collection compte aujourd’hui plus de 18 000 vêtements et accessoires qui racontent l’histoire et l’évolution de la mode occidentale de 1750 à aujourd’hui. On y trouve évidemment des robes et des habits masculins anciens, datant des 18e et 19e. Mais les grands couturiers et créateurs des 20e et 21e siècles sont également représentés.

Le musée accorde aussi une place de choix dans ses collections aux créateurs belges, comme Dries Van Noten ou le limbourgeois Raf Simons.

La mode ancienne inspire les créateurs belges, comme Dries van Noten ou Raf Simons
La mode ancienne inspire les créateurs belges, comme Dries van Noten ou Raf Simons

Des expositions temporaires thématiques

Toutes les pièces de cette collection spectaculaires ne sont évidemment pas exposées en permanence. Peut-être pour des raisons de conservation, il n’y a d’ailleurs pas d’exposition permanente au Musée de la Mode d’Hasselt. C’est à travers deux expositions temporaires par an que le musée expose et met en valeur ses vêtements et accessoires.

Ne vous attendez donc pas à un parcours qui retrace l’histoire de la mode de façon linéaire. C’est plutôt par thèmes que procède le musée, en confrontant des pièces issues de différentes époques.

Rococo Reboot

Lors de notre passage, en août 2025, c’était l’exposition Rococo Reboot qui était proposée. Copieuse, elle se déploie sur plusieurs étages et explore sous plusieurs angles la mode de 1750-1830 et son héritage.

Pièces de vêtements, chaussures, bijoux, accessoires, documents… Le parcours ne lésine pas sur les objets pour illustrer l’évolution de la mode du milieu du 18e siècle aux années 1830. Mais il ne s’arrête pas aux robes et objets précieux des riches. Il explore aussi la face cachée de la mode, en s’intéressant à la vie quotidienne, à l’habillage et à l’hygiène. Enfin, en montrant l’héritage de la mode de cette époque, elle rétablit quelques vérités historiques et démolit quelques clichés propagés par la pop culture.

Rococo Reboot : à la découverte de la mode de 1750 à 1830.

Le rococo, style léger et ludique ?

Le style rococo est caractéristique du 18e siècle. Le terme, plutôt péjoratif, convoque un imaginaire baroque et extravagant. En architecture ou dans les arts décoratifs, le rococo se distingue par un style ostentatoire mais élégant. Né dans le prolongement du baroque, il se veut toutefois plus léger et plus aérien.

Les couleurs pastel ou claires y dominent ainsi que des lignes courbes et asymétriques inspirées par les volutes des coquillages ou les feuillages.

Dans la mode, le rococo s’est exprimé en particulier entre 1730 et 1760, mais l’exposition du Musée de la Mode le remet en perspective avec l’évolution de la mode au 18e et 19e siècle.

La mode c'est aussi les accessoires et les chaussures (Modemuseum, Hasselt)
La mode c’est aussi les accessoires et les chaussures.

Modes et révolution

Rococo Reboot montre ainsi comment les vêtements évoluent du baroque au rococo, de 1750 à 1770, en délaissant les broderies dorées et les motifs symétriques pour des motifs floraux asymétriques plus petits. La mode rococo se distingue aussi par des détails ludiques et des coiffures extravagantes.

En France, la mode rococo bénéficie de l’influence de Marie-Antoinette. Elle témoigne d’une forme d’insouciance et de la joie de vivre qui règnent à Versailles.

À la fin du 18e siècle, les silhouettes se simplifient. Les temps changent. L’insouciance s’arrête brutalement avec la Révolution française. Cette période trouble et agitée impose une mode austère.

Le faste revient avec Joséphine de Beauharnais, l’épouse de Napoléon. La mode se pare de plumes, d’ornements symétriques, de fils d’or et d’argent.

Et bientôt la mode reprend de l’ampleur et du volume. Le 19e siècle voit le règne des crinolines et des manches gigot.

Vêtements anciens et créations contemporaines (au Musée de la Mode à Hasselt)
Une robe de Galliano (pour Givenchy) inspirée par la mode du début du 19e siècle.

Anatomie et couches de vêtements

Au 18e siècle, les vêtements se composaient de plusieurs couches qui rendaient l’habillage long et complexe.

La multiplication des couches était notamment liée à l’hygiène. À l’époque, on se lavait rarement. Dans certains pays, certains médecins déconseillaient les bains, trop risqués.

Les sous-vêtements absorbaient les odeurs et la saleté. Ils protégeaient ainsi les tissus délicats et les broderies fragiles des vêtements extérieurs.

Les couches de vêtements avaient aussi des raisons pratiques et esthétiques. Elles dissimulaient des poches et le corps à baleines qui sculptait les morphologies pour correspondre aux canons esthétiques de l’époque.

Il fallait donc du temps, de l’attention et du personnel pour enfiler ces robes précieuses.

Mode masculine du 18e siècle (Modemuseum, Hasselt)

La mode, un régal pour les caricatures

Le 18e siècle, c’est aussi le siècle des Lumières. Dans cette période de changements, la presse se développe. Dans les journaux et les premiers magazines, la mode est pour les caricaturistes une source d’inspiration précieuse.

Ils se moquent, déjà, de la passion des femmes pour les vêtements ou les coiffures. Ils se régalent des tenues extravagantes et des perruques volumineuses. Les habits ou les robes leur permettent de camper ou de ridiculiser en quelques traits les personnages qui les portent.

L'extravagance des coiffures inspire les caricaturistes du 18e siècle.

Macaronis et dandys

Les crayons acérés des dessinateurs satiriques n’épargnent pas les hommes. En Angleterre, les macaronis sont une cible de choix. Ce sobriquet désignait une mode masculine extravagante et opulente, influencée par l’Italie. Avec leurs perruques hautes, leurs habits aux couleurs pastels ornés d’accessoires clinquants, ils ne passaient pas inaperçus.

Plus tard, début 19e, viendront les dandys, avec leurs costumes ajustés d’une élégance et parfois d’une extravagance folle. Apparue en Angleterre, cette mode contaminera la France et le reste de l’Europe.

Caricature de la fin du 18e siècle qui se moque de la mode.

La mode rococo à l’écran

Rococo Reboot montre aussi que le cinéma (Marie-Antoinette) ou les séries télé (Bridgerton) ont propagé une vision caricaturale et romancée de la mode du 18e siècle. Les historiens de la mode critiquent cette vision qui sacrifie l’exactitude historique au profit de l’esthétique.

Héritages du rococo

La mode a beaucoup évolué depuis le 18e siècle. Les vêtements de tous les jours ont suivi les mutations de la société. Ils se sont simplifiés et standardisés sous l’effet de l’industrialisation, puis la mondialisation.

Les créateurs d’aujourd’hui continuent à se nourrir du rococo d’hier. Matières, silhouettes ou motifs ont inspiré des créations modernes, notamment chez Vivienne Westwood ou John Galliano.

La mode du 18e siècle inspire les créateurs contemporains.

De la mode au street art

Après la visite du musée, nous avions prévu de passer un peu de temps à Hasselt pour explorer le centre historique et, peut-être, découvrir le célèbre Jardin japonais. Malheureusement, un imprévu nous a obligés à raccourcir la visite.

C’est donc avec l’image de cette splendide fresque murale en street art que nous avons quitté Hasselt. C’est un des nombreux points d’intérêt qui figurent dans le parcours street art proposé par l’office du tourisme. Avis aux amateurs…

Street art dans le centre historique, à Hasselt.

En bref : un musée seulement pour les fans de mode ?

Le musée de la mode de Hasselt est bien un incontournable pour les amateurs de mode. Il possède une collection variée, riche autant de précieuses robes anciennes que de vêtements haute -couture.

Il plaira aussi à tous ceux et celles, comme moi, qui ne sont pas des fashionistas. En effet, tant l’espace d’exposition que la scénographie de ce musée sont modernes et attrayants. La présentation des collections via des expositions temporaires thématiques aborde la mode sous un angle original. Elle permet aussi d’aborder des aspects moins connus et plus triviaux.

Dans l’expo Rococo Reboot, j’ai apprécié l’es informations glanées l’ensemble du parcours, très riche en informations de toutes sortes. J’ai redécouvert le rococo, un style méconnu et souvent considéré avec beaucoup de dédain. Et c’est encore plus vrai pour la mode de l’époque.

J’ai adoré en particulier la partie consacrée à l’habillage et à l’hygiène, ainsi que les liens tissés entre la mode, la caricature et la pop culture.

Devant le Modemuseum à Hasselt.

Informations pratiques

Horaire

Le Modemuseum d’Hasselt est ouvert du mardi au dimanche, de 10-17h.

Tarif

Le billet d’entrée coûte 8 € pour les adultes (vous pouvez l’acheter en ligne sur le site du musée).

C’est gratuit pour les enfants de moins de 12 ans et il y a des réductions pour les jeunes de 12-26 ans (3 €) et pour les seniors de plus de 65 ans (6 €).

Adresse

Modemuseum
Gasthuisstraat 11
3500 Hasselt

Accessibilité

Le Modemuseum est situé aux abords du centre historique d’Hasselt.

Il est facilement accessible en train et en transport en commun.

Le musée ne possède pas de parking privé, mais il y a des parkings payants à proximité.

Sites utiles

Modemuseum Hasselt (site officiel)

Découvrir Hasselt : visithasselt.be


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2 commentaires sur “Visiter Hasselt : au Modemuseum, le vêtement traverse le temps

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  1. Reportage très intéressant et très détaillé. J’ai découvert le style roccoco appliqué à la mode féminine (je le connaissais uniquement en architecture).

    Le choix des expositions temporaires est judicieux je trouve aussi, car le sujet est tellement vaste que ce serait lassant pour les visiteurs.

    Découverte de la ville d’Hasselt également.

    J’aime

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