« Gainsbourg, vie héroïque » de Johann Sfar est un événement. Serge est redevenu des plus « in » (mais a-t-il jamais été « out », depuis qu’il est mort). L’occasion de rendre un petit hommage perso à ce génie des lettres et des images.
Serge Gainsbourg et Ernest Hemingway, buvant un whisky au bar… La rencontre entre ces deux « monstres sacrés » a-t-elle eu réellement lieu, ailleurs que dans l’espace fictif du Musée Grévin ? Si oui, de quoi les deux hommes ont-ils parlé ? Littérature ? Musique ? De Paris ? D’alcool ? De femmes ?
Gainsbourg appréciait-il Hemingway ? Serge le poète était un grand connaisseur de littérature américaine. Dans ses chansons, il cite volontiers Nabokov (et sa Lolita) ou Henry Miller. Mais pas de trace d’Hemingway. En revanche il pique à Ernest cette citation : « Je bois et je fume. L’alcool conserve les fruits ; la fumée conserve la viande. »
« L’homme à tête de chou » aura truffé ses textes de références littéraires. Les adaptations des poètes au début de sa carrière (Baudelaire, De Nerval,…). « La chanson de Prévert« . Verlaine dans « Je suis venu te dire que je m’en vais« . Antonin Artaud et Arthur Rimbaud (« Hmm, hmm, hmm« ). Faisant sonner les mots comme personne, il aura réussi à imposer son style particulier, mixant le français et l’anglais, la pop culture et la grande littérature, à grand coup de name-dropping, de citations et de jeux de mots.
« Une nuit que j’étais à me morfondre
Dans quelque pub anglais du coeur de Londres
Parcourant l’Amour Monstre de Pauwels
Me vint une vision dans l’eau de Seltz
The initials, the initials, the initials B.B.
The initials, the initials, the initials B.B. »
Tout le génie de Gainsbourg est là : en quelques mots, créer des images fortes. Sulfureuses parfois.
« Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Tandis que Marilou s’évertue à faire des vol
Utes de sèches au menthol
Entre deux bulles de comic-strip
Tout en jouant avec son zip
A entrebailler ses Levi’s
Dans son regard absent et son iris
Absinthe dis-je je lis le vice
De baby doll
Et je pense à Lewis
Caroll. »
Génie des mots, il sera aussi un homme d’images. Peintre de formation, esthète, dandy, acteur puis réalisateur, photographe occasionnel, il aura « mis en scène » sa vie, tant publique que privée. Très tôt il aura compris la force de l’image pour accompagner ses chansons. Et il aura marqué l’histoire de la télévision française au fer de ses provocations (le billet de 500 balles brûlé, le « I want to Fuck you » à Whitney Houston chez Drucker,…).
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